Une illusion parfaite par Christine François-Kirsch
Datte: 27/08/2019,
Catégories:
Entre-nous,
Les femmes,
Auteur: Mia-michael, Source: Hds
Une amie proche avec qui je suis très... intime, vient de publier un livre.
Je l'ai lu et j'ai beaucoup aimé. J'ai même cru me retrouver dans un des personnages. Voici le début de son livre.
***
"Je sonnai. Quelques secondes passèrent. J'entendis le petit bruit reconnaissable de l'ouverture de la porte. Je montai la quinzaine de marches. Je me présentai à l'accueil.
Je patientai un moment, un petit quart d'heure, en feuilletant un vieux magazine de voyage, avant d'être reçue pour ce rendez-vous sans réelle importance. J'y allais seule, alors qu'habituellement, mon mari et ma fille m'accompagnaient. C'était normal que je me rende chez la pédiatre de ma fille avec ma fille. Là, je n'avais que quelques questions à poser, simplement. J'étais plutôt en forme, bronzée, lumineuse. Voilà ce que j'entendrais plus tard d'ailleurs. Lumineuse. Je relevai les yeux au son des talons, un pas rapide, nerveux, sec. Je vis un large sourire, un regard profond, véritablement intense. Une poignée de main ferme, qui cependant m'enroba. Cette chevelure brune, ondulée sur les pointes, dégageait un parfum inconnu, surprenant. Nouveau. Saisissant.
Quelque chose clochait, quelque chose d'inhabituel.
— Venez !
Je suivis donc la pédiatre de ma fille dans ce bureau assez sombre, austère. Je jetai un coup d’œil sur la croix du Christ fixée au-dessus de la cheminée et j'observai la très sérieuse pédiatre s'asseoir face à moi, dans son large fauteuil de patron. Je ne voyais ni table ...
... d'auscultation, ni jeu ni jouet. Elle me regardait. Je la fixais. Aucune parole ne fut prononcée. Elle se leva, toujours silencieuse. Passa derrière moi. Ferma à clé la porte principale du bureau. Les talons claquaient moins, elle glissait presque sur le sol parqueté.. Je sentais très précisément son parfum, que je ne parvenais pas à identifier. Sucré, presque vanillé. Sûrement un parfum français.
Elle alla également fermer une deuxième porte, celle qui menait aux coulisses du cabinet. Puis, elle revint s'asseoir sur son fauteuil en cuir noir. Posa ses bras sur les accoudoirs. Et bascula lentement sa tête en arrière, comme alanguie.
Cette scène dura un long moment, comme un semblant d'éternité. Son attitude sensuelle, ses yeux fermés, ses longs cheveux reposant sur le haut du fauteuil, sa respiration calme malgré la poitrine que je voyais se soulever : tout n'était qu'invitation retenue. Tout n'était qu'appel à l'étreinte interdite.
Enfin, j'osai me lever ; je contournai le large bureau, moi aussi avec lenteur. Sans le moindre mot. Je scrutai à nouveau la croix au-dessus de la cheminée. Je fermai un instant les yeux. Calmai ma respiration. J'étais moins grande qu'elle. Ses mains paraissaient presque petites comparées à sa taille. Pourtant, malgré les 10 centimètres qu'elle avait de plus que moi, je la dominais. C'est moi qui menais la danse à présent. Je saisis les deux accoudoirs pour tourner le fauteuil vers moi et je lui dis d'une voix autoritaire :
— Ouvrez les ...