1. Une illusion parfaite par Christine François-Kirsch


    Datte: 27/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les femmes, Auteur: Mia-michael, Source: Hds

    ... yeux, docteur, regardez-moi.
    
    Nous nous fixâmes, plusieurs secondes. On dit que le silence après Mozart, c'est encore du Mozart. Là, le silence avant l'amour, c'était déjà de l'amour.
    
    Nos respirations se faisaient écho. J'hésitai l'espace d'un instant, intimidée par l'incongruité du moment. Je ne sais pas vraiment. Mon sexe battait, mon cœur me faisait presque mal, je recevais dans la poitrine et dans le ventre comme des coups de poing. Elle, ne bougeait pas. Ne parlait pas. Mais continuait de tenir mon regard, comme une provocation.
    
    « Vas-y, décide-toi, tu attends quoi ? » Voilà ce qu’elle semblait vouloir me gueuler.
    
    Un dernier instant d'hésitation et enfin j'approchai mes lèvres des siennes, et l'embrassai au coin de cette bouche ronde et nerveuse."
    
    "Les rues de Monaco étaient agréables en cette fin de soirée. Il faisait plutôt doux, les terrasses étaient bondées et on ne savait pas où donner de la tête tant il y avait dans cette ville de bars chics, luxueux, où se croisaient des bourgeoises et des putes de luxe, qui parfois étaient les mêmes d'ailleurs.
    
    Je n'aimais pas particulièrement cette ville, mais ce soir-là je la trouvais reposante. Tout était propre, assez chiant finalement, les codes archi-connus et plutôt vulgaires. Convenus. Impossible de compter les Porsche, les Maserati, les Rolls. Tape-à-l'oeil, parvenu, Monaco était un endroit hors du monde. Peu de bistros, peu de librairies. Peu importe après tout, nous n'étions pas venus pour nous ...
    ... cultiver. Nous choisîmes finalement un bar. Des blondes, grandes, effilées, maigres en fait, la peau blanche, le regard triste. Encore des putes, sans doute Russes. Ou des pays de l'Est. Il y en avait partout. Sur le port, dans les bars d'hôtels. Là où il y avait de l'argent, et pas seulement propres, il y avait ces longues blondes ! Nous commandâmes deux whiskys sans glace. Il fallait au moins cet alcool fort pour revenir sur notre première fois.
    
    Nous nous regardâmes, sans savoir qui devait commencer. Ni par quoi. Moi, je sirotais mon whisky, comme à mon habitude. Lui, plus gourmand, buvait plus vite.
    
    — Eh, attends-moi ou je ne vais pas pouvoir te suivre !
    
    Davide rit, et me lança :
    
    — Et pourtant, tout à l'heure, je ne sais pas qui menait le bal, mais ce n'était pas moi en tous les cas !
    
    Pourquoi en faire toute une histoire puisque j’avais joui de cette rencontre, aussi bien cérébralement que physiquement. Mieux, je me sentais puissante, comme invincible. Dans ces moments-là, je ressentais dans mon corps ce qu'était le bonheur. Cela m'était déjà arrivé. Je me souvenais de cet instant fugace, cet instant où j'avais ressenti cette sensation si forte que je l'associais à ce que j'imaginais être un shoot.
    
    C'était dix ans auparavant et je venais de rencontrer Davide.
    
    Dès le premier soir, j’avais su qu'il était l'homme de ma vie. Je le sus d'instinct.
    
    Nous nous étions simplement croisés lors d'un spectacle, dans un café- théâtre pas loin de l'Arno. Une copine m'y ...
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