1. Morris Garage


    Datte: 22/12/2024, Catégories: fh, hplusag, inconnu, campagne, revede, intermast, Oral pénétratio, fsodo, occasion, Auteur: Landeline-Rose Redinger, Source: Revebebe

    ... qu’on faisait de mon corps, j’aimais l’émanation des peaux, l’imperfection des chairs. Aussi la vulgarité des mots. Ici, le raffinement n’avait pas sa place. Sous les chemises humides, les ventres lourds. Sous les tricots de peau, les épidermes ouvriers. Sous les pantalons et les cottes, les sexes durs, les sexes mous, poisseux, comme une parade que ma bouche appelait. Un bataillon qui honorait mes trous.
    
    Hormis les week-ends rallyes – qui au final étaient mon repos – je fus sans relâche. Mais la machine fatigue. Elle ne fut pas à la hauteur de ma gloutonnerie et l’asthénie foudroyante me foudroya.
    
    Quelques semaines plus tard, Luciano et sa cordonnerie furent le premier trait d’union de mon retour à la vie. La clé était dans mon sac, je m’en servirai.
    
    Donc, depuis quelques longues semaines, le canapé était mon lieu de vie et la télévision mon lien au monde. Les jours de pluie m’étouffaient, avril et mai ne promettaient pas mieux. Thé et yaourts me nourrissaient, parfois cette vie m’allait comme un gant.
    
    Bien sûr, je ne reniais aucunement ni ne regrettais mes joies nocturnes. Mais le corps a ses limites, il fut bon qu’il les montrât. C’était en sorte l’unique censeur et le juste régulateur de mes efforts démesurés. J’avais encore quelques peines à me nourrir d’aliments solides, mais les laitages suffisaient à mon activité très réduite. Tout comme si, victime du trismus, mes mâchoires n’enchaînaient plus le mouvement mécanique et répétitif qui était le leur. Oui, ...
    ... ma bouche avait bien trop œuvré. Tant de chair l’avait visitée, tant de peau, tant de membres et au final si peu d’hygiène. Je payais par où j’avais péché. Il était entendu, entendu de moi seulement, que je ne rechignais pas devant cet impôt.
    
    Mes douleurs s’inclinaient en silence devant la saveur de mes souvenirs.
    
    Arrimée à la télécommande, je passais de chaîne en chaîne. Mais l’œil s’accroche parfois et on ne saurait dire pourquoi, il s’accroche à de petits riens qui deviendront votre grand tout.
    
    Donc une énième émission sur la vie simple.Oh my god que ce monde-là était aux antipodes, à mille lieues de mes nocturnes escapades.
    
    Si c’est par Luciano que je renouais avec la ville, c’est à Adrien Dufresne que je dois mon retour à la vie. Il faut croire qu’Adrien Dufresne l’emportait sur le reste des animateurs et autres pantins égocentrés du bouquet télévisuel qui défilaient devant mes yeux.
    
    Le bonhomme était ventru, épaules tombantes, à le voir on devinait une vie qui ne l’avait pas épargnée. Et pourtant de cette existence ouvrière, Adrien parlait comme on parle d’une passion. La scierie où il était né où il avait grandi, où il avait travaillé, où il mourrait, la scierie était le socle et le bâti de tout ce qui le faisait homme aujourd’hui. À ses yeux humides perlait le temps de la pleine activité, le temps des grumes des chemises cardées, des manches retroussées, des lourds ouvriers, des scieurs de long d’antan, celui du bruit, du mouvement des hommes musculeux. ...
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