Bullet Proof - Histoires de Sexe

Bullet Proof

... faute, bien entendu. Comme d’habitude. La colère me quittait, progressivement remplacée par une torpeur terrible. Bon, j’étais finalement en train de crever. Adieu monde cruel.

— Charlotte ! Charlotte ! Hé ! Ho ! Charlotte !

Quelqu’un était en train de me secouer comme un prunier. J’ouvris difficilement les yeux, et rencontrai le regard inquiet du géant. Mon corps pesait une tonne. Il était si lourd que je n’étais plus dans mon fauteuil, mais par terre. J’avais l’impression de tanguer dans un tunnel très noir.

— Qu’est-ce qui… m’arrive ? balbutiai-je.
— Vous êtes en train de vous évanouir mon petit ! dit le géant d’un air assombri. Calmez-vous, là, reposez-vous sur moi. Maryse ? Maryse !

Du coin de l’œil, je vis la secrétaire entrer précipitamment, me regarder et repartir aussi sec dans l’autre sens.

Les bras qui m’entouraient étaient chauds, apaisants, je me sentais mieux. Ils sentaient bon, aussi. Doucement, je contemplai mon secouriste. Son visage était très près du mien, et toujours très impressionnant, et tout ceci était d’une gênance et d’une incongruité sans bornes, mais franchement, je trouvais que le grain de sa peau était agréable à regarder. Les poils de sa barbe brune me piquaient sur le front, et je me mis à rigoler.

— Comment vous vous appelez Monsieur ? demandai-je.

Il baissa son regard sur moi, surpris, et me considéra en silence. C’était drôle de voir de près ses yeux glacés, leur couleur exacte, ses rides et puis même, ses poils de ...

... nez. Je fus prise d’un rire inextinguible. L’instant d’après, un truc froid et mouillé se posait sur mon visage, et je vis Maryse penchée sur moi ; elle semblait très inquiète.

— Charlotte, tu m’entends ? demanda-t-elle, et sa voix paraissait venir de loin, loin…
— Oui… hi hi hi…
— Charlotte, tu as pris quelque chose ?
— Hi hi hi…
— Charlotte, réponds-moi, tu as pris quelque chose ? Ou fumé quelque chose ?
— Hi hi hi… poils de nez… hi hi hi !!
— Maryse, il faudrait peut-être appeler le Samu ?
— J’en sais rien, elle est un peu débraillée ce matin, mais je crois qu’elle a juste passé une mauvaise nuit…
— Vous la connaissez mieux que moi, vous pensez qu’elle se drogue ?
— Aucune idée ! Elle a toujours été fiable, enfin, jusqu’à l’année dernière…
— Poils de nez… hi hi hi !
— Qu’est-ce qu’elle a à répéter « poils de nez » ? Je vous dis qu’elle est bizarre, je suis sûr qu’elle se shoote !
— Hum, Alain, je crois qu’elle parle de vous…
— … de nez !… ha ha ha !
— Comment ça ?
— Je vous expliquerai après Alain, allez chercher de l’eau, j’ai une petite bouteille sur mon bureau !
— Grummbblll, d’accord, j’y vais.
— Charlotte, calme-toi, tu fais un malaise. Est-ce que tu m’entends Charlotte ? Tu es dans le bureau d’Alain Buvabe, le directeur, O.K. ? Je t’ai mis une éponge mouillée sur le front, et j’attends patiemment que tu reviennes à toi, d’accord ? Prends ton temps Charlotte, tout va bien.
— Tenez.
— Charlotte, prends une gorgée d’eau, ça va te faire du bien…
— ...