Bullet Proof - Histoires de Sexe

Bullet Proof

... pas leur queue en moi à fond, soit ils en avaient de plus petits.

Notre corps-à-corps durait déjà depuis pas mal de temps quand soudain, Jérémy se retira de moi dans un geignement guttural, comme si ce repli était pour lui un mélange de jouissance et de souffrance pures. Le liquide chaud de son sperme se répandit sur mon ventre. Je fus surprise, et ne dis rien, mais la frustration était cruelle.

Jérémy, le visage défait par l’extase, croisa alors mon regard éperdu. Sans un mot, et sans reprendre sa respiration, il descendit entre mes cuisses et commença à fouiller de sa bouche l’entrée de mon vagin dilaté par sa pénétration. Survoltée, extrêmement tendue, je sentais que le moindre coup de langue me submergeait de délice. Je fermai alors les yeux, envahie d’un bien-être si profond que plus aucune pensée ne me vint durant de longues minutes, jusqu’à ce que je sois parcourue de soubresauts électriques qui me firent hurler. Je n’avais pas encore fini de jouir que la sonnerie du digicode retentissait dans l’appartement. Essoufflée, je baissai les yeux sur Jérémy, toujours allongé entre mes jambes. Il leva ses yeux pétillants de malice, nos regards se croisèrent, encore une fois, et je sais pas pourquoi, mais on se remit à rire comme des malades. Le contrecoup, l’émotion, tout ça…

— Prête pour la pizza ? demanda suavement ...

... Jérémy.

J’eus un imperceptible mouvement d’épaules. Il se leva maladroitement. Il portait toujours son jean, qu’il s’était contenté de baisser pour me faire l’amour. Son sexe pendait entre ses cuisses, ce qui me fit sourire. J’avais vu son cul un millier de fois, mais jamais je ne l’avais maté comme aujourd’hui, lorsqu’il se retourna tout en se reculottant.

— Je reviens, souffla-t-il.

Sa voix était pour moi la plus douce des musiques. Sans bouger, complètement à poil (ma jupe et mon soutien-gorge avaient volé depuis longtemps, et vraiment, vu l’état de ma culotte trempée de mouille et de ce sperme, à l’élastique tout enroulé autour de mes cuisses moites, c’est comme si je ne portais plus rien), complètement à poil donc, je rêvais à des lendemains qui chantent, comme on dit.

Bon, voilà, j’avais fait l’amour avec mon meilleur ami. Je ne savais pas où ça allait nous mener, mais bien prosaïquement, j’espérais que ce serait, pour commencer, à la page 30 de mon mémoire, à rendre dans six jours !

Revenue sur terre après tous ces bouleversements, je cultivais dans le secret de mon cœur l’étrange sensation d’être invincible. J’avais reçu des balles, oui. J’avais morflé. Mais j’étais toujours là. J’étais à l’épreuve des balles.

Et ce 28 mars 2004, plus rien ne me faisait peur.

Bullet Proof… I wish I was,The Bends, Radiohead, 1995.