Bullet Proof - Histoires de Sexe

Bullet Proof

... patraque, il devenait difficile pour moi de suivre la conversation, et le mastodonte n’avait pas l’air de rigoler. Pour la première fois depuis des mois et des mois, je réalisai pleinement que j’étais en train de fiche ma vie en l’air à cause de mes problèmes personnels, et que j’avais été à deux doigts de me faire virer de l’université.

Tout à mes pensées, je surpris soudain le regard du directeur qui s’était à nouveau relevé sur moi.

— Charlotte, excusez-moi d’insister, mais vous avez l’air malade. Êtes-vous sûre d’être capable d’aller au bout de votre thèse ?
— Oui Monsieur, et cette fois, ma voix fut bien plus ferme. Il est hors de question que je rate mon diplôme.

L’homme marqua une pause, comme s’il réfléchissait à la manière la plus correcte de me dire des choses déplaisantes. Quand il me regarda franchement, je tressaillis. Il dégageait… une certaine puissance, une intensité dans la menace, c’était presque fascinant.

— Écoutez… fit-il d’un ton précautionneux. Je me doute que votre vie aujourd’hui ne doit pas être telle que vous l’aviez imaginée avant la perte abominable que vous venez de subir. J’ai été jeune moi aussi vous savez, et je connais très bien le milieu étudiant. Je sais bien que… enfin, qu’il y a des écueils à éviter quand on a votre âge.

Mon air apathique sembla le gêner. Il se leva subitement ; un peu gauche et interrogative, je fis mine de l’imiter (enfin, en beaucoup, beaucoup plus lent), et il me jeta un regard abasourdi :

— Non ...

... non, restez assise, nous en avons pour un moment.

Ah… nous en avions pour un moment. Pas sûre que j’arriverais à réprimer ma nausée jusqu’à la fin. Il me fallait un petit-déjeuner. Tout de suite. Maintenant. Et un Doliprane.(Et un petit remontant). D’un œil éteint, j’observai le directeur farfouiller dans des papiers un peu plus loin. Il revint vers moi et me tendit un dépliant. Son expression était indéchiffrable. Je pris le papier et le parcourus rapidement du regard. Bordel. Ça parlait des dangers de la drogue et de cure de désintoxication.

Je sentis mes joues me brûler, et impulsivement, me mis à foudroyer du regard mon nouveau professeur.

— Attendez là, attendez… articulai-je d’une voix que la colère déformait. Vous croyez que je me drogue ?!
— Je ne sais pas, admit-il sans se mouiller.
— Mais pourquoi me donnez-vous ce truc alors ?
— Charlotte, c’est la première fois que je vous rencontre, mais vous avez un comportement très étrange… Vous me semblez très… négligée.
— Je…

… refermai brusquement la bouche, parfaitement consciente – hélas, Jérémy avait des miroirs dans sa salle de bain – que je m’étais présentée à mon nouveau directeur de thèse sans être lavée, coiffée, sans m’être substantée, vêtue des habits de la veille – enfin, sauf ma petite culotte si vous voulez tout savoir – et tachés de café, et surtout, surtout, avec une gueule de bois carabinée.

Rouge pivoine, je détournai les yeux. Je me sentais profondément humiliée. Mais tout était de ma ...