1. Bullet Proof


    Datte: 27/04/2024, Catégories: fh, Humour rencontre, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... débarquent sur le marché du travail ? Vous venez d’évoquer un « simple travail de recherche et rédaction ». Vous n’y êtes pas du tout mon petit, ceci est l’apogée de vos quatre années de travail dans cette discipline. Vous ne devez pas le foirer, vous nepouvez simplementpas le foirer. Vous ne pouvez pas vous le permettre.
    
    Ses mots crus me firent comme un coup de massue, qui me mit complètement K.O.. Buvabe = 2/Charlotte = 0. Oui, bien sûr que je savais tout cela, mais qu’une pointure comme lui m’indique aussi clairement à quel point mes années de labeur n’allaient servir à rien dans cette dure vie de forçat, si je venais à rater mon dernier examen, me laissait groggy et vulnérable aux pensées sombres.
    
    Il dut deviner l’assombrissement qui me gagnait, car son ton se fit plus paternaliste :
    
    — Je ne vous laisserai pas tomber, Charlotte. Ça n’arrivera pas avec moi, sauf si vous ne vous impliquez pas. Compris ?
    — Oui…
    — Super. Pour la semaine prochaine, vous me réécrivez les trente premières pages que nous venons de revoir ensemble.
    — Mais Monsieur, trente pages en sept jours ?!
    
    Le deuxième regard « Cause toujours tu m’intéresses » m’acheva pour la soirée.
    
    *
    
    Sur le chemin du retour, je me sentais, curieusement, de plus en plus légère au fur et à mesure de ma marche. Comme si un poids immatériel venait de s’éparpiller dans le vent « marsien », printanier ; oui, envolé au milieu des jonquilles et des jeunes feuilles vert tendre des platanes, sans un ...
    ... bruit.
    
    Mon cerveau également était en ébullition, j’avais l’impression que chacune de mes idées gonflait et explosait jusqu’à ce que je ne ressente plus que ce profond bien-être qui m’envahissait en respirant l’air frais de la nuit. Toutes ces bulles d’air s’échappant de moi m’effrayaient un peu, était-ce le moment de dire « on m’a vidé la tête » ? J’avais toujours trouvé cette expression stupide. Ce soir-là, je n’en étais plus si sûre. Je n’avais eu besoin d’aucun psychotrope, alcool, drogue, pour me sentir bien dans mon corps. C’était juste merveilleux. Quelqu’un avait planté autre chose dans le limon de ma cervelle, maintenant il fallait attendre que ça pousse. Ça tombe bien, c’était le printemps !
    
    — T’as l’air différente, commenta étrangement Jem en me lançant un coup d’œil de travers.
    — Comment ça ?
    — Indéfinissable, continua-t-il, les sourcils froncés, l’air perplexe.
    — Oh, comment ça ? répétai-je en esquissant un petit entrechat pour faire voltiger mon foulard jusqu’au clic-clac.
    — Putain, j’ai trouvé, t’as l’air heureuse ! s’exclama-t-il en se frappant le front.
    — Oh, nooon ! Certainement pas, répondis-je avec désinvolture. Je vais me taper un trimestre de cours en allemand, alors tu penses bien…
    — Mais si ! T’es toute pimpante ! Toute gracieuse ! Toute… bizarre !
    — Toute bizarre ? Sans doute parce que je vais aussi me taper trente pages à réécrire pour la semaine prochaine… autant dire, pour hier !
    
    L’air dubitatif de mon ami ne m’échappa guère.
    
    — Donc, la ...
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