Bullet Proof
Datte: 27/04/2024,
Catégories:
fh,
Humour
rencontre,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... essayant de contrôler ma colère.
Mais que c’était petit… mesquin… injuste ! Se venger de mon tout, tout petit mensonge du jour, en me collant trois mois de surplus de cours et encore une analyse complète à rédiger… oh, oh, mais quel enfoiré !
— Ah, je suis content que vous me le demandiez ! répondit-il avec un enthousiasme feint. J’ai vu que vous aviez étudié l’allemand au lycée, et que vous aviez choisi « philosophie allemande » lors de votre première année de cursus, donc je vous ai inscrite dans le séminaire « Philosophies d’expression allemande dans toute leur diversité ».
La rage brûlait tant en moi que mon regard aurait dû le dessécher sur place. Les poings serrés posés sur mes genoux, à l’abri des regards, je fixai cet homme avec toute la haine dont j’étais capable.
— L’allemand n’est que ma troisième langue, objectai-je brusquement. C’était très difficile pour moi de suivre, c’est donc pour cela que l’année d’après j’ai opté pour l’U.V. « philosophie anglaise ».
— Moui, mais vos notes n’étaient guère plus élevées, rétorqua-t-il, ses yeux toujours dans les miens.
— Je suppose que je ne peux pas choisir d’autres thèmes de séminaire ?
— Vous supposez bien, mon petit, approuva-t-il, sans me lâcher du regard.
Nous nous fixâmes quelques secondes en chiens de faïence. Lui stoïque, moi écumante de rage. Mais je savais que j’avais déjà perdu. Et la bataille de regards, et la partie. Je finis par piquer du nez, humiliée. Sans rien ajouter, le géant me tendit ...
... plusieurs feuilles, emploi du temps, fiche de renseignements… dépliants sur la prévention et la lutte anti-drogue… Je serrai les lèvres, exaspérée par son manège.
— Bon, maintenant, passons à votre thèse. C’est catastrophique.
Eh oui, évidemment, que c’était catastrophique ! Comment imaginer que cet homme puisse me trouver quelque qualité !
Il commença à me lire des bouts de phrase, à reprendre les erreurs systématiquement, je voyais son stylo rouge s’agiter sur mes feuilles. Dans un soupir d’impuissance, je sortis mon téléphone et envoyai discrètement deux messages, à ma mère et à Jérémy, pour prévenir la première que je restais à T. ce soir, le deuxième que j’en avais pour un moment avec la brute sanguinaire qui me servait de nouveau professeur de thèse.
Le soir avançait, et nous étions toujours là, dans la petite bibliothèque bourrée de livres. La lumière chaude des lampes baignait cet entretien d’un halo quasi irréel. Pour plus de commodité, nous nous étions installés côte à côte. Des bouquins étaient ouverts un peu partout, tant il avait fallu que je justifie plusieurs passages en montrant mes références.
Au début, très impressionnée par sa masse – de connaissances… –, j’avais eu du mal à accepter les critiques que Buvabe formulait à mon encontre. Mais ça faisait déjà un moment que je ne voyais plus le temps passer, tant nous étions concentrés sur le travail. Pour tout avouer, j’étais bien en peine de continuer à le haïr. Toutes ses remarques et toutes ses ...