Accident de parcours - Histoires de Sexe

Accident de parcours

... il faut juste être patient, le débit n’est pas très rapide, nous sommes en ADSL ici. Le mot de passe, c’est Rossella, le prénom de ma grand-mère, « R » majuscule, deux « s » et deux « l ».

À peine une heure plus tard, son géniteur la rappelle, manifestement catastrophé.

— C’est pas possible ! se contente de lui répondre mon invitée, médusée.
— …
— Oh le salaud ! C’est vraiment une ordure.
— …
— Ah oui, tu as pris des photos ? Tu peux me les envoyer par mail ?
— …
— Oui, je comprends, je m’occupe tout de suite de prévenir l’assurance et, pour le reste, tu me tiens au courant.
— …
— Tu es un ange. Heureusement que vous habitez près de chez moi et que vous avez les clefs !

Natacha accuse le coup, abasourdie, mais pas totalement effondrée. C’est vrai que ce qu’elle vient d’apprendre, elle s’en doutait un peu, ce n’est plus une surprise.

— Nous aurions dû prendre des photos hier, je n’y ai pas pensé, dit-elle plus pour elle-même. Corentin est venu récupérer ses affaires et en a profité pour ravager notre appartement. Il a cassé plein de trucs, découpé mes habits et tagué les murs. Papa va aller déposer plainte à la gendarmerie, ensuite il s’occupera de changer la serrure avant de faire l’inventaire des dégradations. Un vrai malade, dire que je vivais avec ce con, il a même tué mes poissons rouges en balançant leur bocal contre le mur. Et nulle trace du hamster, celui-ci a dû en profiter pour se faire la malle car la porte était entrouverte.
— Il cachait bien ...

... son jeu, votre copain !
— C’est plutôt moi qui étais aveugle. Putain, merde, dire que j’ai même fait un enfant avec lui, je me demande s’il n’est pas trop tard pour avorter… Je ne sais pas ce que je vais devenir et elle se remet à pleurer.

Les clichés finissent par arriver. « Boudin », « Salope », « Traînée », « Coincée du cul », « Mocheté », « Pouffiasse », quelques slogans haineux ornent les murs de sa chambre, tandis que d’autres s’imposent dans le séjour. Son ex s’en est donné à cœur joie en la traitant de tous les noms d’oiseau. Seule la cuisine semble avoir échappé au massacre, peut-être n’a-t-il pas eu le temps de casser la vaisselle, à moins qu’il n’ait eu peur que cela ne fasse trop de bruit.

— Mon assurance dit que je suis couverte en général contre le vandalisme mais que, vu qu’il s’agit d’un acte délictueux commis à priori par mon concubin, il est probable que je ne sois pas indemnisée. Je suis vraiment écœurée. À quoi ça sert les assurances ? On n’a jamais droit à rien !

En désespoir de cause, la jeune femme lorgne sur la bouteille de Calva qui trône aux trois quarts vides près de l’évier.

— N’y pensez même pas ! Pas aujourd’hui, Natacha. Vous allez rester sobre et on va se battre ensemble.
— Facile à dire pour vous. Moi, ma vie est foutue.
— Allons, ne dîtes pas ça, il y a forcément des solutions. Vous êtes encore toute jeune, vous avez de belles années devant vous. Et comme on dit : « Un de perdu, dix de retrouvés ».

Ses parents décident de ...