1. La putain


    Datte: 07/06/2019, Catégories: fh, Oral pénétratio, fdanus, fsodo, amourpass, Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe

    ... mains en conques sur ses poings joints, les caresse un instant avant de les soulever pour les porter doucement à ma bouche. Je dépose une kyrielle de baisers légers sur ses doigts qui lentement se desserrent. Nos regards sont suspendus l’un à l’autre, verrouillés.
    
    — Non, Steph, pas d’explications, pas maintenant, je ne veux pas ça ce soir !
    
    Je sens ses mains trembler contre ma bouche. À moins que ce ne soient mes lèvres qui tremblent. Longtemps, nous restons immobiles, sans parler, sans ciller. Le temps s’est suspendu, les secondes sont des heures, nos gestes ralentis.
    
    — Mais si tu ne veux pasça ce soir, qu’est-ce tu veux ? me demande-t-elle.
    
    Sa voix n’est qu’un chuchotis, à peine audible, un souffle frémissant, trahissant ses interrogations, sa peur, ses attentes. Je voudrais la rassurer tout de suite, ne pas la laisser sur des charbons ardents, mais je suis tellement partagé, tiraillé entre les sentiments et le désir que j’ai pour elle et… et ce qu’elle est, ce que je suis, la complexité évidente, criante, d’une relation entre nous. Je cogite à toute allure, je tente de peser le pour et le contre, de raisonner.
    
    Comme s’il était possible de raisonner sous adrénaline !
    
    Car c’est bien ce qui se passe, des flots de cet euphorisant acide stressant ont remplacé l’hémoglobine et bloquent le bêta transi. Paralysé, le pépère !
    
    Stéphanie, d’un simple geste de tête et les yeux écarquillés, renouvelle son interrogation.
    
    — Je veux… Je veux tout Stéphanie, tout ce ...
    ... que tu voudras me donner, maisrien, surtout rien de ce que tu ne veux pas, rien de ce dont tu n’as pas envie réellement, irrésistiblement. Tout, Steph, et d’abord, avant tout et par-dessus tout… tes lèvres !
    
    La pauvre est visiblement ébranlée par ma déclaration. Sourcils froncés et air incrédule, Stéphanie se lève lentement, semble hésiter, balance d’un pied sur l’autre. Elle jette un coup d’œil derrière elle, croise le sourire confiant de Marguerite qui opine doucement du chef. Je me suis levé moi aussi, prêt à bondir si jamais elle tournait les talons, prêt à dire d’aussi énormes bêtises que « Je t’aime », par exemple.
    
    Mais l’adorable se tourne vers moi, s’approche, pose sa main sur ma joue et vient doucement se blottir contre moi.
    
    — Tu es sûr de ce que tu veux ? me demande-t-elle timidement.
    — Absolument certain, Stéphan…
    
    Délicieux bâillon, sa bouche se soude à la mienne, nos lèvres se palpent, se goûtent, se fondent. Si nous n’étions pas en totale apnée, nos souffles bien sûr se mélangeraient et la seconde d’éternité de cette fusion magnifique nous transporte bien au-delà de nos désirs les plus fous. Nos peurs s’évanouissent, la transgression nous magnifie, le monde s’évanouit et le petit bistrot minable se mue en décor hollywoodien, où nous sommes le couple éternel.
    
    Stéphanie lance un regard à Marguerite et désigne silencieusement son carton à dessins. Petit signe de tête de la mamie qui confirme qu’elle se chargera de ranger le porte-folio.
    
    Sans rien ...
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