Quelqu'un dans mon genre
Datte: 01/06/2019,
Catégories:
fh,
voisins,
amour,
Oral
nopéné,
Humour
Auteur: Marie Anne & Luc Carois, Source: Revebebe
... fenêtre.
*
« De tous les bars de toutes les villes du monde, il a fallu qu’elle entre dans le mien. » disait Bogart devant son verre de whisky dansCasablanca. Et je me sens comme lui, ce soir, en fumant sur le balcon. Les dieux sont des salopards qui se repaissent de tragédies humaines, d’amours impossibles, et qui nous regardent du haut de leur Olympe nous débattre sur la scène et tenter de tenir un rôle toujours trop grand pour nos épaules.
Nos souffrances et nos luttes sont pour eux des spectacles de divertissement. On peut toujours crier « Ni dieu, ni maître ! » avec le vieux Léo ; la réalité, c’est que même en niant leur existence, nous sommes des insectes pris dans une toile d’araignée que des enfants regardent mourir avec sadisme et fascination.
En bas sur le trottoir, juste devant l’interphone, un type qui représentea priori tout ce que je déteste s’est soudain figé dans l’attitude d’une poule rencontrant un couteau. Juste avant, je l’ai vu garer sa BMW noire sur le parking. Précautionneux en diable, méticuleux. On sent le mec qui aime sa bagnole. Après en être descendu, il en a fait le tour afin de vérifier qu’elle était toujours intacte, et il a sorti un chiffon pour essuyer une tache sur le capot : son reflet, sans doute.
Il est grand, large d’épaules, avec un tee-shirt à l’effigie du Paris Saint-Qatar. Il porte la coupe de cheveux et la petite moustache d’Ibrahimovic. On sent le mec qui a une personnalité hors norme et des références culturelles ...
... en béton. Il se décide pour finir à appuyer sur le bouton, et… ÇA SONNE CHEZ MOI ! Ce con n’est même pas capable de faire marcher un interphone.
— Ouais ?
— Euh… Sally ?
— Tu trouves que j’ai une voix de gonzesse ?
— Euh… non.
— Alors c’est pas là.
— Euh… Vous pourriez m’ouvrir, s’il vous plaît ?
— Pourquoi ?
— Ben, je trouve pas son nom sur l’interphone…
— Eh ben apprends à lire : l’immeuble est interdit aux analphabètes.
Et je coupe l’interphone.
Je retourne mater du coin de l’œil, sur le balcon, et voilà notreHomo Cretinus qui sort son portable. Putain, alors elle va se taper cet abruti ? Elle va passer la soirée avec cette tête pleine d’eau, et peut-être même offrir son petit corps tout mignon à ce plouc, tout ça parce que je l’ai envoyée sur les roses ! Elle va toucher le fond, ce soir…et ce sera à cause de moi ! Pas question. J’entends déjà des pas dans l’escalier… Il se pointe. Bon, on sait comment ça se passe, ce genre de soirée. Retrouvailles, apéro, bouffe, baise… ça me laisse un petit peu de temps.
J’enfile une chemise propre, et je descends chez le fleuriste. Je suis pas invité, moi, mais j’apporte des fleurs : une belle rose rouge pour souligner clairement mes intentions. Ou plutôt non : douze roses rouges, histoire de bien humilier ce connard qui se pointe chez une déesse les mains dans les poches.
Puis je remonte à l’appartement et je choisis un de mes bouquins dans ma bibliothèque. Je griffonne quelques mots sur la page de garde, et je ...