1. Quelqu'un dans mon genre


    Datte: 01/06/2019, Catégories: fh, voisins, amour, Oral nopéné, Humour Auteur: Marie Anne & Luc Carois, Source: Revebebe

    C’est dans l’escalier où flotte une odeur de cuisine rance que je le rencontre pour la première fois, le voisin du dessous. Sur son palier, ses clés à la main et l’air profondément concentré sur une idée qui, à mon avis, ne nécessite pas tant de sérieux. L’endroit malodorant ne se prête pas à la conversation, mais un échange de regards me convainc que le mec est libre.
    
    C’est qu’avec le temps et l’expérience, on remarque de suite les détails qui tuent : pas d’alliance, d’affreuses chaussures marron de randonnée genreDécathlon, un léger embonpoint, une barbe de quinze jours prouvant un net laisser-aller… et par-dessus tout, la tronche de celui qui n’a pas touché de string avec ses yeux depuis un bail. Avec les mains, je n’ose même pas imaginer. Ça doit remonter au Déluge.
    
    Célibataire, eta fortiori ayant complètement laissé tomber l’idée même de forniquer à nouveau un jour, donc.
    
    À cette pensée, je lui souris. Il me renvoie un regard un peu ahuri, comme s’il se demande si ça lui est bien destiné. Je peux donc constater que le mix bottes à talons hauts / mini-jupe / blouson de cuir trouve un écho parfaitement audible chez monsieur mon voisin. En continuant ma descente, je suis aux anges.
    
    Arrivée en bas, je zieute discrètement les boîtes à lettres. David Nolant. Le nom m’est familier. Je me dis que je vais pousser mes recherches dès que j’aurai un moment libre.
    
    *
    
    Ce que je fais le soir même, entre deux déballages de cartons – je viens d’emménager. Heureusement, ...
    ... la première chose que j’ai faite avant de quitter définitivement mon ex, c’est d’ouvrir une ligne Wi-Fi dans mon futur appartement. Je peux donc surfer tranquillou sur le Net, entre éclats de rires et sifflements amusés. C’est l’apogée de la technique et de la science moderne. Un ordi, Internet, et le monde entier ouvert à soi. Mon frigo est vide, je bouffe des chips depuis deux jours à m’en faire descendre trois bouteilles d’eau par jour, et je n’ai toujours pas monté mon lit, mais c’est accessoire.
    
    Alors comme ça, il écrit des poésies, monsieur mon voisin… Il n’a pas l’air d’en avoir vendu des pelles, de ses poèmes. Il a aussi écrit plusieurs romans, dont un sur l’art de se faire enculer par nos politiciens. Je trouve quelques extraits à me mettre sous la dent, et me mets à nouveau à ricaner comme une dinde.
    
    C’est bien que ce que je pensais : un idéaliste, têtu, épris de liberté, bouffé par son sens de l’honneur. Des comme lui, j’en ai déjà fait mon petit déjeuner. Cependant, quelques détails m’interpellent. Voire même – et j’ai du mal à l’admettre – me touchent. Cette façon de jeter la merde du monde à la face du public, comme s’il espérait un réveil des consciences… ça me fait un peu suer pour lui. Le pauvre. Il devait déguster grave. Un puits de désespoir, une montagne de frustrations. Je comprends mieux les grosses godasses de randonnée. Sa vie doit ressembler à du trekking de haut niveau.
    
    Le lendemain, dès potron-minet, je me mets à réfléchir duraille. Je vais ...
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