Rhapsody in blue - Première partie
Datte: 17/04/2019,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... coupe dans ta paume…
– Tu veux vraiment une réponse ? dis-je dans un souffle.
– Oui, sinon tu ne vas pas pouvoir dormir, je le crains… réponds-tu avec un sourire taquin.
– Sale pervers. Et en quoi est-ce si étonnant, de faire l’amour avec toi ? Tu es séduisant.
– Je ne sais pas. Les choses ne se sont pas bien terminées, il y a trois ans. Je sens bien que… que tu ne m’apprécies pas beaucoup.
– Mais pourquoi tu dis ça, bon sang ?
Je me sens en colère, je me sens gênée, et je me sens blessée. Je repousse ta main avec brusquerie.
– Je croyais que c’était évident, ce qui me rattachait à toi. Tu dis que je ne t’aime pas, et c’est tout le contraire. Je ne veux plus avoir mal, c’est tout. Alors je reste prudente.
– Oui, je comprends, dis-tu enfin. Moi aussi je ne veux plus te faire mal. Pour rien au monde. Mais je ne veux pas que tu… je veux dire…
Mon irritation et mon chagrin grimpent d’un cran, tandis que je devine la suite.
– Tu as peur que je retombe amoureuse de toi ? dis-je à ta place, d’une voix teintée d’amertume. Rassure-toi, je ne suis plus aussi idiote et aussi naïve qu’avant. Tu n’as rien à craindre de ce côté-là, je ne te laisserai plus me tourner la tête comme si j’étais une pauvre petite pucelle.
Satisfaite de mon effet. Tu tournes alors la tête vers le plafond, avec une exclamation pleine de reproche. Je ne saurais dire si tu es choqué par mes paroles, voire stupéfait par leur contenu comme si tu ne t’en étais jamais douté, ou ...
... simplement furieux que j’énonce les choses avec tant de cynisme.
– Non… pffouh, ne pense pas ça, s’il te plaît… Eva…
Je garde le silence, attendant la suite.
– Je veux juste que tu saches que pour moi… je veux dire… je ne peux plus rien ressentir, pour l’instant. Je suis anesthésié, tu vois… je suis vidé dans le cœur… je n’ai plus envie d’avoir des sentiments. Tu comprends ? Je pense encore à elle… Enfin, je crois.
Oui, je vois et je comprends parfaitement. Les choses sont d’ailleurs d’une telle limpidité que je me dis que je devrais avoir envie de pleurer, à cet instant. Tu es bel et bien en train de me dire que tu ne m’aimes pas, que tu nepeux pas m’aimer. Comme si je l’ignorais ! Et pourtant, ça ne me fait rien, à part un grand vide, comme si le sang se retirait lentement de mon corps. Ne laissant plus qu’une certitude désolante.
– Ne parle plus de ça, répliqué-je d’une voix basse. Je suis moi-même incapable de ressentir quoi que ce soit pour toi, à part un peu de tendresse et d’amitié. C’est tout ce que je peux te donner et ça ne me gêne pas que tu ne m’aimes pas. Je ne t’aime pas non plus.
Tu ne réponds rien. Je roule sur le flanc, te tournant le dos, déprimée et lasse. Je n’ai plus envie de te voir. Je me sens subitement détachée de ce lieu, de ce lit, de toi, de ce que j’éprouve, de ce que je souhaite. Je suis complètement à côté de tout ça. Je ne ressens rien. Absolument rien. Je suis Autre.
Au froissement d’étoffes derrière moi, je comprends que tu t’es ...