Rhapsody in blue - Première partie - Histoires de Sexe

Rhapsody in blue - Première partie

... moins, rien de précis.

En levant les yeux, je croise les regards surpris de mes deux compagnons.

– C’était bon ? demandes-tu, d’une voix où perce une pointe d’indulgence.

Arkshay s’esclaffe – poliment – d’un air étonné.

– Wouah, quel appétit ! s’exclame-t-il avec un grand sourire.

– C’est normal, elle ne mange presque rien dans la journée, dis-tu.

Je veux ouvrir la bouche, mais Arkshay ne m’en laisse pas le temps :

– Il faut manger, insiste-t-il en se tournant vers moi.

– Oui, elle est trop mince, ajoutes-tu, sans me regarder.

J’ai brutalement envie d’en prendre un pour taper sur l’autre. Mes pulsions de violence, heureusement occasionnelles, m’effraieraient presque moi-même.

– Écoutez, c’est très gentil de vous inquiéter pour moi, mais ça va, dis-je d’un ton pincé. Et puis, tu ne m’as jamais dit que j’étais trop mince.

– Tu as beaucoup maigri, répliques-tu, sans te mouiller.

– Ah. Ça ne te plaît pas ?

Tu ne réponds rien, mais une brève seconde, nos yeux se croisent, complices. Détachant mon regard du tien, je croise alors celui de Arkshay, qui nous observe avec curiosité. Je m’aperçois qu’il n’a rien perdu de cet échange de regards. Il faudra faire plus attention, à l’avenir. Non pas que j’aie honte qu’on s’imagine que je suis ta petite amie, mais je préfère ne pas m’adonner à ce genre d’illusion douce-amère. En plus, je suppose que ça te gênerait que les gens le croient.

– Vous vous connaissez depuis longtemps ? demande ...

... Arkshay, avec un sourire encourageant, nous dévisageant l’un après l’autre.

Je te fixe sans dire un mot, te laissant le soin de répondre à cette question – banale – mais cruciale.

– Oh, oui, pas mal de temps, rétorques-tu avec désinvolture. Presque trois ans, je crois. Mais ça fait très longtemps qu’on ne s’était pas vus.

C’est tout. Tu ne parles pas des circonstances de notre rencontre, de l’état – médiocre – de notre relation, et de la raison de ma visite. D’ailleurs, je ne la connais pas moi-même.

Arkshay hoche la tête, puis me jette un coup d’œil discret. Je lui souris en retour. Poliment, à mon tour.

Après le dîner, nous décidons d’aller boire un verre « dehors ».

Nous restons deux heures dans un petit café enfumé, tout près de chez toi, discutant agréablement, bien que la majeure partie de la conversation se déroule en anglais. Mais je ne m’ennuie pas. Je regarde les gens autour de moi, leurs sourires, leur tristesse aussi, leurs cheveux. J’aime bien regarder les cheveux des gens, surtout des filles. Ils sont brillants et de toutes les couleurs, et j’admire les différentes façons qu’elles ont de se coiffer. Non pas qu’elles soient différentes en France. C’est un passe-temps comme un autre, sans réelle motivation. Je suis sensible à la beauté, je crois. Comme beaucoup de gens. Je sais l’apprécier lorsque je la rencontre.

Souvent, j’écoute une phrase ou deux. Je ne comprends pas toujours tout. Avant – cet avant postulant un changement dans le temps ...