1. Fin d'une illusion


    Datte: 02/03/2019, Catégories: sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... recommencement quotidien d’un calvaire perpétuel ? Une maladie mortelle, sexuellement transmissible et auquel il convient de mettre fin dès que l’on peut ?
    
    Dans ce cas, pourquoi n’a-t-elle pas d’abord tiré sur moi, avant de retourner l’arme contre elle ? Avait-elle encore des doutes ? J’espère sincèrement que non. En fait, je ne crois pas… Elle n’a eu aucune espèce d’hésitation avant de se faire sauter la cervelle. Pas l’ombre d’une incertitude au moment d’appuyer sur la détente ! Alors pourquoi ne m’a-t-elle pas emmené avec elle ?
    
    Je pense avoir la réponse. Parce que je n’avais pas décidé de mourir, et qu’elle le savait. Elle a respecté ma liberté d’en finir – ou pas – avec ce monde, elle a voulu me laisser le choix. Aujourd’hui, je dois dire que… je regrette. Oui, je regrette qu’elle ne m’ait pas tué.
    
    Je ne sais pas si j’aurais le courage d’accomplir seul ce dernier voyage…
    
    ooOOoo
    
    J’ai perdu la notion du temps. Je ne sais plus quel jour on est, et j’avoue que je m’en fous. À quoi ça me servirait, de toute façon ? Ma vision se trouble, je perds facilement l’équilibre. Ça irait peut-être mieux si j’arrêtais l’alcool… Au rythme où je passe les bouteilles, la cave à vin de Keller ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Un souvenir comme Eva, comme Manon et Elodie…
    
    ooOOoo
    
    Je ne sais même plus comment je suis arrivé là… Je suis debout sur le quai de cette putain de station, je titube légèrement. Je n’ai pas mis ma combinaison en quittant l’abri. Vraiment ...
    ... plus rien à foutre de la vie… Crever maintenant ou bien d’un cancer dans cinq ou dix ans, quelle différence ?
    
    Dans ma main, le flingue semble peser une tonne. Les cadavres sont toujours là, entassés sur la voie. On dirait qu’ils ricanent. Ça vous fait plaisir, messieurs dames, de me voir dans cet état ?
    
    Je m’assieds lourdement sur le bord du quai, les jambes dans le vide. Je ferme les yeux et j’essaie de me rappeler. J’attends que l’hallucination se reproduise, ce retour en arrière salvateur qui me projetterait au moment précis où Elodie et Manon ont été happées par la rame de métro. Je voudrais savoir, avant d’en finir une bonne fois pour toute.
    
    Mais il n’y a rien qui vient. Rien d’autre que des tâches de couleur dansant sur ma rétine fatiguée. Pas l’ombre d’une image, pas le moindre souvenir. Mon esprit est sec comme une charogne blanchie, aussi vide que l’orbite d’un cadavre.
    
    Je me marre doucement, puis de plus en plus fort. Mon corps est bombardé de radiations, j’ai décidé de me faire sauter le caisson, mais je ne suis pas plus avancé pour autant…
    
    Je lève mon bras, applique le canon sur ma tempe. Une dernière déclaration ?
    
    — Je t’encule, Mélusine !
    
    Puis je presse la détente…
    
    ooOOoo
    
    C’est une main fraîche sur mon front qui me réveille. Je n’arrive pas à ouvrir les yeux, agressé par la lumière blanche qui semble ruisseler de partout. Des doigts sentant le caoutchouc écartent mes paupières. On braque un faisceau aveuglant dans mon œil droit, puis ...