Fin d'une illusion
Datte: 02/03/2019,
Catégories:
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... séparait, la porta pensivement à sa bouche et croqua. Une larme écarlate roula sur son menton.
— Mmmh, succulente ! Un petit arrière-goût synthétique, quand on sait de quoi il retourne, mais quasi indétectable… Le simulacre parfait.
— Comme toi, peut-être ?
— Non, rassure-toi. Moi, je suis bien réelle.
— Avoue que tout ça est troublant, quand même. Ça ressemble diablement à la folie…
— Je me répète, Alain, mais nous sommes deux personnes distinctes, en interaction avec le même rêve. Je conçois que tu aies du mal à le croire, mais si tu veux bien me laisser continuer à expliquer, tu sauras pourquoi et comment…
— Vas-y, je t’écoute.
— Une chose très importante, tout d’abord. Le temps ne s’écoule pas à la même vitesse ici qu’à l’extérieur. Ce qu’on perçoit comme une heure ne correspond en fait qu’à quelques minutes. Nous ne partageons donc ce rêve que depuis deux mois, bien que cela te semble durer depuis bien plus longtemps…
— Tu veux dire qu’on pourrait vivre éternellement dans cet enfer ?
— Pas tout à fait. Certains paramètres physiologiques limitent l’expérience. Au-delà d’un temps donné, on peut se retrouver pris au piège… Au risque de ne plus jamais se réveiller !
— Écoute-moi, Eva. Rien ici n’est onirique ! Si je projette ce verre au sol, il se brisera en centaines d’éclats ! Si je fonce tête la première contre ce mur, je me fracasserai le crâne !
— En effet, et tu te réveillerais à Zurich… Mais c’est un peu tôt pour parler de ça, fit-elle en reprenant ...
... une autre fraise. Comment t’expliquer ? Imagine-toi une hypnose très profonde, dans laquelle tout ce que te suggérerait Mélusine s’incarnerait de façon réaliste.
— Tu veux dire qu’on ne peut pas mettre ce monde en défaut ?
— Non. Tout se passe comme si nous étions dans le réel. Impossible de léviter ou de passer à travers les murs… du moins en théorie.
— Pourquoi « en théorie » ?
— Parce que toi, tu es arrivé à tromper le système. À plusieurs reprises…
— Mes séances d’entraînement ?
— Oui, entre autre. Il paraît qu’ils étaient comme fous, la première fois où tu t’es désagrégé sous leurs yeux. Tu as littéralement disparu, Alain. Imagine !
— Une évasion, en quelque sorte…
— Keller n’en revenait pas. Tu venais de faire bugger son précieux simulateur !
— Keller… !? Ne me dis pas que ce vieux croûton est vivant ?
— Ben si. Là-bas, c’est lui le grand patron, me confia Eva avec un soupçon de révérence.
— J’aurais dû m’y attendre… Quelle que soit la façon de voir les choses, le concepteur de l’abri, ça reste lui !
— Tu ne crois pas un mot de ce que je raconte, n’est-ce pas ?
J’écartai les bras, évasif. Au premier abord, je ne voyais pas de failles dans son discours. Malgré le caractère loufoque de ce qu’elle avançait, tout se tenait. Nous nous trouvions dans une impasse ; elle n’arriverait pas à me convaincre, et moi, je n’avais aucun moyen de lui casser son délire…
— C’est pas un délire, c’est la réalité ! siffla-t-elle soudain, comme si elle avait lu dans mes ...