1. Fin d'une illusion


    Datte: 02/03/2019, Catégories: sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... d’arguments. Je n’avais rien vu venir ! Calmement, elle ouvrit un tiroir et en sortit une seringue remplie d’un liquide laiteux. J’ouvris de grands yeux. Qu’est-ce que c’était que ça encore ! ?
    
    — On va s’allonger dans le canapé. Tu me prendras dans tes bras, tu me serreras fort. Je vais m’endormir doucement, je ne sentirai rien.
    — Non ! Je…
    — C’est du potassium. Il y en a assez pour deux, si tu veux me suivre. J’ai… j’ai peur d’avoir froid, de trembler un peu. Ce serait mieux que tu me tiennes contre toi.
    — Je peux pas ! Je peux pas te laisser faire ça ! hurlai-je en m’emparant de la seringue.
    
    Avant qu’elle ne puisse réagir, je fonçai vers l’évier, ôtai l’aiguille et vidai le contenu du cylindre gradué dans le bac en inox.
    
    — Tu me laisses pas le choix ! criai-je par dessus mon épaule. Je vais être obligé de t’attacher. Au moins le temps qu’on trouve une solution…
    
    Lorsque je me retournai, la pièce était vide. L’oiseau s’était envolé.
    
    ooOOoo
    
    Quand on rêve, on ne se rend pas compte de l’incohérence des événements qui nous arrivent, ni de l’absurdité qui préside à leur enchaînement. C’est seulement après coup que l’étrangeté du rêve nous saute aux yeux, que l’on prend conscience de l’atmosphère d’angoisse qui nous a collé à la peau.
    
    J’avais l’impression non pas de me réveiller, mais de plonger plus profondément encore dans le cauchemar, de basculer soudain dans un monde spectral où le pire était non seulement envisageable mais quasiment assuré. Celle que ...
    ... je considérais comme ma nouvelle femme venait de s’enfuir de la cuisine, avec l’intention manifeste d’en finir avec la vie. Rien que ça.
    
    Au bout de quelques secondes, je sortis de mon hébétement et me ruai en direction du sas d’entrée. Venue de nulle part, une certitude s’était imposée à moi : Eva avait l’intention de quitter l’abri sans combinaison !
    
    — Eva ! Nom de dieu ! Fais pas ça !
    
    Dans le sas, personne. Merde ! Où était-elle ! ? Je courus vers l’escalier.
    
    — Eva ? T’es où… ? Réponds-moi, bordel !
    
    Et soudain, je sus. La réserve ! Elle était descendue dans la réserve… Les tempes battantes, le cœur au bord des lèvres, je dévalai l’escalier, survolant littéralement les marches. J’enfonçai presque la porte de la réserve, en l’ouvrant. Eva fit volte face, pointant quelque chose vers moi. Bon Dieu, une arme ! D’où sortait-elle ça ! ?
    
    — Je t’en prie, dis-je en écartant les bras. Pose ce flingue… Tu pourrais blesser quelqu’un !
    
    Au lieu d’obéir, elle raffermit sa prise sur la crosse du pistolet, le tenant à deux mains. Et là, qu’est-on censé faire, quand une schizophrène délirante vous tient en joue ?
    
    — T’approche pas, Alain ! J’ai pas envie de tirer sur toi, mais je le ferais, sois en sûr…
    — On va se calmer, d’accord ? Discuter un peu…
    — Je ne veux plus qu’on m’attache ! Va-t-en !
    
    Le museau de la chose ne déviait pas de mon front. Eva tenait cet énorme flingue sans trembler, avec une évidente envie de s’en servir. Avait-elle eu le temps de le charger, ...
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