1. Oublier


    Datte: 27/02/2019, Catégories: fh, nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... les banquettes. Même les murs en béton organique armés et plaqués d’une double épaisseur d’or massif n’avaient pas suffi à nous protéger bien longtemps… Mais au moins les cyclones énergétiques des antibombes n’avaient pas dévasté ou réduit ces corps en poussière. Partout ailleurs, dehors, toute forme de vie avait été anéantie…
    
    Les souvenirs me revenaient désormais par flots, à la vue d’un objet ou d’un décor familiers. Mais tous ou presque me crevaient le ventre et m’arrachaient le cœur ; je manquais de pleurer ou de hurler de désespérance à chaque nouveau pas dans le laboratoire. Alys était désemparée, mais à l’évidence, elle comprenait ma détresse. Et c’est en plongeant une fois encore mon regard dans ses grands yeux verts que je réalisai à quel point elle était dorénavant vraiment tout pour moi.
    
    — Viens, partons, cet endroit te fait du mal.
    
    Elle avait raison. Je finis par accepter la main qu’elle me tendait et nous sortîmes sans plus échanger le moindre mot des bribes de mon passé.
    
    ***
    
    Après quelques brasses dans l’eau salée, nous retrouvâmes le sable chaud qui avait envahi les anciennes rues de la cité déserte. Derrière nous, à quelques dizaines de mètres, le building témoin de mon histoire ; nous y étions restés trop longtemps, bien plus longtemps que je ne l’avais cru. Le soleil était bas dans le ciel. Il allait nous falloir maintenant dénicher un endroit sûr où passer la nuit. Et si Alys refusait de retourner vers le campement de fortune des quelques ...
    ... survivants surexcités, je n’avais quant à moi aucune envie de redescendre dans l’ancien laboratoire.
    
    — Où allons-nous ?
    — Je ne sais pas, mais loin de cet immeuble, et encore plus loin de ces… de ces hommes.
    
    Mais je n’eus pas le temps de répondre : un long hurlement s’éleva, inquiétant ; nous nous crispâmes, aux aguets. Et quatre types surgirent soudain, se débusquant de derrière les blocs de béton effondrés d’un ancien building. Ils agitaient des armes en criant. Je les reconnus, ils étaient là-haut, quelques heures plus tôt. Ils étaient parmi ceux dont les yeux avides avaient dévoré le corps de ma compagne.
    
    — Cours ! Enfuis-toi !
    — Hein ?
    — Va-t’en, je vais les retenir.
    — Mais…
    
    Le premier se jeta sur moi alors qu’un autre était presque sur Alys. Je cognai d’un grand coup de mes deux poings serrés et le projetai à terre au moment où un troisième se précipitait déjà sur nous. Mais ce fut le dernier qui me terrassa : je ne vis que trop tard son projectile et n’eus pas le temps de l’esquiver. Une petite pierre en pleine tête et je m’effondrai.
    
    ***
    
    Il faisait nuit lorsque je m’éveillai. Une violente douleur au front… Et une sensation de froid dans mon bras et ma jambe gauches… J’avais la moitié du corps léché par les vagues ; l’eau était montée, c’était peut-être cela qui m’avait réveillé. Alys ! Où était Alys ? Je me redressai péniblement, et fouillai du regard les environs. Mais la nuit était sombre et la lune à son premier quartier n’éclairait que bien peu ...
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