1. Oublier


    Datte: 27/02/2019, Catégories: fh, nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... la cité en ruine. Je vacillai au bout de trois pas, et retombai à genoux. La douleur au crâne était intense. Je manquai de défaillir à nouveau. Mais un hurlement lointain me tira de la léthargie : c’était la voix d’Alys, faible, éloignée, suppliante. Les ordures ! Ils l’avaient emmenée, et je n’osais imaginer ce qu’ils étaient en train de lui faire.
    
    Je me traînai agenouillé jusqu’à la mer et y plongeai la tête. Le sel… une souffrance fulgurante… J’effleurai, d’abord, puis massai doucement la plaie. L’eau me fit du bien, je repris mes esprits, et un peu de forces. Et surtout de la rage. Un nouveau cri ! Alys… La rage !
    
    ***
    
    J’étais revenu au plus vite jusqu’au seul endroit qui m’était familier : le laboratoire qui m’évoquait tous ces chagrins et ces erreurs passés. Mais les sentiments provoqués par les visions que je m’imaginais d’Alys aux mains de ces racailles étaient encore plus forts. Et je savais précisément ce que je cherchais ; je n’étais plus là pour découvrir mon passé, mais bien pour y puiser de quoi apaiser la fureur qui s’était emparée de moi.
    
    Je retrouvai instantanément des gestes coutumiers, je me rappelais, maintenant, où se trouvaient des objets que j’avais manipulés presque huit cents ans plus tôt. Et en quelques minutes, j’associai l’un des petits concentrateurs de faisceaux protoniques qui équipaient couramment le laboratoire à un générateur énergétique à haute densité, et fixai l’ensemble sur la poignée que j’avais arrachée d’un caisson ...
    ... thermique. Je pressai le conjoncteur et un rayon lumineux jaillit de mon arme improvisée avec un son de décharge électrique pour aller frapper un mur devant moi, le noircissant et le creusant sur près d’un mètre carré. Avec cette espèce de fusil à plasma qui n’était finalement pour moi qu’une arme de fortune, j’avais soudain plusieurs centaines d’années d’avance technologique sur les salauds qui s’en étaient pris à ma dulcinée.
    
    ***
    
    Leurs traces dans le sable étaient évidentes, même sous la faible lueur de la lune. Et quand bien même je ne les aurais pas trouvées, j’aurais pu me guider sur les cris et les ahanements qui me parvenaient de la plate-forme servant de refuge à Okam et ses sbires.
    
    Et ils étaient bien là, tous. Aucun d’entre eux ne s’attendait apparemment à me voir arriver ; ils devaient m’imaginer mort ou définitivement hors service, voire penser que je n’oserais rien tenter contre eux. En montant la dernière rampe menant à leur quartier général, j’apercevais déjà les ombres de leurs silhouettes dans les lumières dansantes d’un feu de camp crépitant.
    
    La rage qui m’avait saisi ne s’éteignait pas ; j’étais résolu à ne pas faire dans le détail. Et les cris d’Alys me confortèrent dans mes envies de violence. À les entendre souffler et ahaner, ils devaient être plusieurs après elle. Quelques derniers pas vers la plate-forme. Je relevai mon arme. Celui qui devait avoir été désigné pour faire le guet s’était retourné pour se délecter de la scène, et frottait sans la ...