Oublier
Datte: 27/02/2019,
Catégories:
fh,
nonéro,
aventure,
sf,
Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe
... exécution.
***
Tout m’était revenu, presque instantanément. Tous mes souvenirs. Toute cette mémoire que j’avais crue perdue à jamais remontait à ma conscience, et les détails se précisaient au fur et à mesure que je parcourais tous les recoins du laboratoire.
2587.
Ce grand bâtiment rouge…
Le grand building supramoderne du centre international de recherches en spatiophysique.
Ce bunker souterrain…
Un abri. La guerre fusionnique. Les bombes à antiparticules. L’humanité en péril.
Les spires de cette inductance reliée à toutes ces piles à positons…
Un projet subgouvernemental. La maîtrise de la surénergie.
Le générateur de champs quantiques…
Le temps. Le voyage dans le temps.
Je m’étais effondré agenouillé à terre en comprenant et en me rappelant soudain tout. Alys, compatissante à ma folie et mon désarroi, se tenait près de moi et me caressait doucement les cheveux en pressant ma tête contre son ventre.
— En quelle année as-tu dit que nous étions ?
— 768.
Je soupirai d’amertume.
— Alors cela fait 768 ans que…
Je m’interrompis. Il valait mieux qu’Alys ne sache rien de tout ça. De toute façon, m’aurait-elle cru ? La guerre… La Grande Guerre, m’avait-elle dit quand on s’était rencontrés. Les tensions internationales ; les projets pour ramener la paix… Une piste folle, la surénergie, les cristaux de sel du vide, pour dépasser les constantes de Planck ; la maîtrise des flots temporels. Un projet fou : revenir quelques mois plus tôt et ...
... changer le cours diplomatique des choses…
Et puis les premières antibombes, d’énormes vagues d’énergie qui détruisaient tout sur leur passage. Les abris antifusionniques. L’urgence. Le projet fou précipité. Volontaire pour partir. Selenn aussi. L’urgence. Tout n’était pas prêt, mais il fallait agir. Et Selenn finalement qui… Je laissai échapper quelques larmes qui tombèrent sur le sol.
Malgré la prison, malgré toutes nos aventures, malgré toute l’eau des cascades, des rivières, la petite feuille de papier était toujours entière dans ma poche, humide mais intacte. Je la dépliai soigneusement et lus, encore une fois :« Adieu, Johan, pardonne-moi. »
— Selenn… sanglotai-je, penché appuyé à quatre pattes, perdu dans mes souvenirs.
768 ans… Et vers le futur… Quelle erreur monumentale !
— Johan… Est-ce que…
Alys ! C’était elle, l’avenir ! Je devais me reprendre ! Mon passé était mort ! Mort et complètement effacé. Selenn n’était plus. Mon passé n’était plus. Je me relevai vivement.
— Je t’aime, Alys ! Pardonne-moi ! Nous n’aurions jamais dû venir ici !
— Est-ce que tu as… retrouvé la mémoire ?
— Oui, mais je vais tâcher de tout oublier à nouveau. Viens, partons !
***
Mais je voulus explorer encore le complexe, espérant peut-être trouver quelque chose qui pourrait nous servir pour la suite. Et un spectacle macabre nous attendait derrière l’une des portes qui menaient autrefois aux salles de détente : plusieurs squelettes gisaient sur les fauteuils ou sur ...