Oublier
Datte: 27/02/2019,
Catégories:
fh,
nonéro,
aventure,
sf,
Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe
... finalement les sifflements rustauds.
— Euh… je crois qu’on ne va pas rester là, tout compte fait… annonçai-je lentement, en devinant tous ces gars immobiles surexcités à la vue de la première femme qu’ils voyaient sans doute depuis plusieurs années.
La tension était palpable ; j’appréhendais l’instant où ils allaient nous sauter dessus. Doucement, je reculais, sans les quitter des yeux, et Alys franchissait déjà la brèche par laquelle nous étions entrés. Et soudain, en me retournant à mon tour, je m’arrêtai net en poussant un cri de surprise à la vision d’un énorme building d’un mélange rouge de métal iridescent et de béton organique.
Des bribes ressurgissaient de mon passé embrumé. Je connaissais ce lieu, j’en étais sûr. Ce gros bâtiment presque écarlate, qui semblait respirer. Les pieds dans l’eau, il dépassait de loin tous les autres, et ne paraissait pas avoir souffert du temps.
— Viens, Johan ! Partons, je t’en prie !
Alys me sortit de la torpeur dans laquelle m’avait un instant plongé ma vision. Je pris la main qu’elle me tendait et la suivis après un dernier regard en arrière où je devinai quelques-uns des types, un sourire et presque de la bave aux lèvres. Il allait sans doute falloir nous cacher en sécurité au plus vite si l’on voulait échapper à une prochaine chasse à l’homme, ou plutôt à la femme.
— Attends, je voudrais aller voir de plus près ce bâtiment, là-bas.
— N’importe où, mais vite ! Tous ces hommes me font peur…
Nous nous éloignâmes ...
... en hâte du repaire de ces quelques survivants, et j’entraînai rapidement ma compagne à travers les constructions en ruine, dans la direction de ce gratte-ciel rougeoyant. Et nous nous immobilisâmes bientôt à quelques mètres du rivage formé par la mer dans les ruelles dévastées, à une centaine de pas du pied de l’édifice que l’on devinait s’enfoncer sous l’eau, et probablement sous le sable.
— Je… je ne sais pas pourquoi, mais… je connais cet immeuble.
Alys soupira en jetant un regard apeuré en arrière.
— C’est curieux, on dirait que c’est le seul qui ait tenu le coup.
Les matériaux n’étaient à l’évidence pas les mêmes que ceux des buildings voisins ; l’ensemble paraissait plus massif, plus dense, plus froid, plus brillant aussi. Ce n’était pas sans rappeler les constructions aux couleurs changeantes d’Avila.
— Viens, allons voir ça de plus près.
— Mais… l’eau… répliqua ma compagne en désignant les vagues qui venaient mourir sur le sable recouvrant les anciennes rues de la ville fantôme.
— Bah, après ce qu’on a vécu, ce n’est pas ça qui va nous arrêter.
Et nous courûmes main dans la main à travers les vagues, jusqu’à en avoir à la taille. Mais nous n’étions encore à peine qu’à mi-parcours et allions sans doute devoir nager entre les ruines. La mer était calme et chaude, très claire ; nous nous y allongeâmes et atteignîmes en quelques brasses notre objectif.
— Là ! fit Alys qui avait commencé à contourner le bâtiment pour en chercher un accès.
Sur le ...