1. Un jour sans fin


    Datte: 26/02/2019, Catégories: nopéné, confession, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... merde… je suis profondément plantée dans cette ratière. Le médecin… c’est un homme. Il me parle normalement, enfin ! Il me demande des renseignements sur mes antécédents médicaux, le nom de mon docteur si j’en ai un. Enfin, il fait son job de toubib, quoi ! Une prise de sang aussi et retour à la case départ. Un moment après être revenue dans mon palace, nouvelle ouverture et on me remet une baguette de pain, la ration quotidienne.
    
    Ensuite, je suis ballottée d’un service à l’autre. Direction, service social, service scolaire, tout ce qui fait de cet endroit un monde à part entière, un monde de recluses et de parias. Ici plus de prénoms, plus de noms, plus de gentillesse, pas de tendresse. Juste des rapports bizarres entre détenues et surveillantes, et toujours en fonction des humeurs des unes et des autres. Mais la vie continue, différente certes, avec la rage au ventre et pourtant, c’est une autre existence.
    
    — xxxXXxxx —
    
    Un jeune flic est venu me rendre visite aux parloirs. C’est la seule personne extérieure que j’ai vue depuis trois jours, excepté les gardiennes. J’ai subi une fouille à poil à mon retour dans ma cellule. Comme si ce représentant de la loi allait me donner une arme ou autre chose. Puis la gardienne m’a prévenue de mon changement de cellule. Là où je suis, c’est juste pour les quelques jours d’acclimatation. Cette fois, je vais dans la cour des grandes. Avec une boule au ventre, je repars dans un autre couloir, vers une autre cellule, tout aussi ...
    ... morbide que la première.
    
    Le soleil ne parvient qu’à peine à franchir ces barreaux qui nous empêchent de sortir. Et on dirait que même lui est du côté de ces gens qui veulent nous garder. Derrière la fenêtre un horrible grillage. Cette fois c’est Médrano ! Le cirque et je fais partie de la collection d’animaux de foire.
    
    — C’est fait pour qu’on ne jette rien au bas des bâtiments. Sinon il y a des rats partout !
    — … ?
    
    Je me suis retournée. Une autre femme vient d’entrer. Nous serons donc deux dans cet espace restreint ? Une chevelure brune, semblable à la mienne, elle est là qui danse d’un pied sur l’autre. La gardienne referme derrière celle qui maintenant me scrute attentivement.
    
    — Salut. Ne crains rien ! Je fais partie des gentilles. Et si on te colle dans ma rate, c’est pour que je te surveille.
    — … ?
    — Oui. Ici les premiers jours sont compliqués et il y a tant de règles à apprendre, à comprendre. Moi je suis là depuis si longtemps… je ne compte plus. Ni les jours ni les ans… je serai si vieille quand ils ouvriront la cage que personne ne me reconnaîtra. Je m’appelle Marthe. Et toi ?
    — Euh… Agnès…
    — Ah oui, je crois que je sais… ton mec est mort dans les escaliers chez toi ! Et bien sûr comme on vit dans un monde de mâle, tu dois forcément l’avoir poussé.
    — … Je…
    — Chut, tu sais c’est pour te mettre en confiance que je te parle. Ici c’est chacune son histoire. La tienne, la mienne, celle de toutes les autres. Personne ne veut vraiment savoir. Et puis les murs ...
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