1. Un jour sans fin


    Datte: 26/02/2019, Catégories: nopéné, confession, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... et mes craintes. Je suis dans un monde nouveau. Une extraterrestre perdue dans un univers qui me dépasse. J’ai envie de… d’aller aux toilettes et les w.c. sont là, presque face à la porte, sans rien pour me protéger de la vue des guetteuses qui sont passées toute la nuit. Un cauchemar… plus d’intimité, plus de personnalité. Propulsée dans une antichambre de l’enfer. Je paie quoi, en fait ? Le droit d’avoir été violé par un salaud qui s’est cassé la gueule tout seul dans les escaliers et c’est moi qui suis punie.
    
    Si le soleil pâlichon du matin est bien levé, il ne se hasarde guère à venir lécher les barreaux verticaux de la lucarne qui sert de fenêtre. J’entends parler, crier, rire aussi, de l’autre côté d’un grillage à quelques mètres de ma lucarne. Je n’ose pas avancer vers ce petit espace où la liberté est entravée. Alors que je m’approche, une fois encore je suis rattrapée par la seule issue qui s’ouvre dans mon intérieur minable.
    
    Une autre porteuse de clés qui m’interpelle presque doucement !
    
    — Vous voulez bien me suivre, s’il vous plaît ?
    — Vous…
    — Oui ! Dès votre arrivée vous devez voir le service médical de la maison ! C’est la loi. Venez avec moi.
    
    Je suis dans ce même long corridor entrecoupé de portes semblables à celle derrière laquelle j’ai couché.
    
    — Levez les bras, à l’horizontale ! Je vais faire sur vous une fouille par palpations. Ce n’est pas douloureux et c’est rapide ! Ne craignez rien. Je veux juste m’assurer que vous ne portez rien sur ...
    ... vous de dangereux… ce genre de fouille sera faite à chaque sortie de votre cellule. Bon passez devant, je vais vous guider vers l’infirmerie.
    
    Un labyrinthe qui me mène vers un étage où je lis sur un panneau : « Service infirmerie ». Tout près, une autre porte où il est écrit : « Bibliothèque ». Nous attendons alors que la gardienne a sonné ! Elle n’a donc pas les clés de cette entrée. C’est long, très long puis le cliquetis qui annonce l’ouverture de ce sas se fait. Nous sommes dans un autre couloir. Aussi gris, aussi lépreux. Puis une salle d’attente où sont déjà présentes trois autres pensionnaires sans doute.
    
    Je suis l’objet de tous les regards. Bien entendu mon histoire a fait l’objet d’un encart dans les journaux locaux et à la télé. Nous sommes seules, pas de gardienne dans ce hall d’attente.
    
    — Tu as bien fait de le buter, ce sont tous des pourris. Prends-toi un bon baveux… sinon ils vont t’en coller pour vingt piges.
    — …
    — Ne t’en fais pas, nous aussi nous sommes passées par ce douloureux moment de l’arrivée.
    — …
    — Tu parles quand même ? Il te faut te défendre… ne pas rester dans ton coin, tu vas te faire bouffer. Et puis fais gaffe aux tox… elles vont te harceler pour des cachetons ou un bout de shit.
    — Quoi ?…
    
    La porte vient de s’ouvrir et ma blouse blanche est là, ce qui coupe court à ce début de conversation.
    
    — Vous voulez venir ?
    
    Comme si j’avais le choix ! Je sais bien que ce sont juste des mots, mais… dans ma caboche ils tournent en boucle et ...
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