1. Un jour sans fin


    Datte: 26/02/2019, Catégories: nopéné, confession, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... néant. La politesse de la femme en bleu qui m’a parlé, n’a d’autre but que de s’assurer de ma petite santé ? Sans doute que oui, mais elle me rattache à la vie. Non… à une certaine forme de vie, celle d’ici ! Si j’avais été encore couchée, elle aurait crié plus violemment son « bonjour ». Si je n’avais pas répondu, elle serait entrée, chez moi, et du bout de la clé sur l’entourage métallique du lit… pan-pan, jusqu’à ce que je bouge un membre.
    
    Nos seuls rapports avec les vivants se font donc par ces porte-clés à la voix matinale pincharde qui nous ouvrent et enferment au gré de certains mouvements programmés ou occasionnels. Les raisons qui m’ont amenée ici sont toutes personnelles et le chemin est différent pour chacune d’entre nous. Du reste, je ne sais pas exactement le nombre de ces recluses qui, comme moi, attendent. Parce que le mot clé de cet univers c’est : attendre, et toujours attendre. Le temps ne coule pas comme ailleurs.
    
    Il semble même figé pour l’éternité, se diluant dans des sons que peu de gens entendront un jour. Tout est vital, mais plus rien n’est important dans ce monde d’enterrées vivantes. Jusqu’à nos nom et prénom qui se trouvent remplacés par des chiffres. Un numéro et une lettre accolés, nous sommes dépersonnalisées, transparentes, invisibles. Oubliées, ou plutôt les gens dehors veulent oublier jusqu’à notre présence, faire comme si nous n’existions pas, plus. Il suffit de fermer les yeux pour ne plus penser ? Pas si sûr que ça marche !
    
    En ...
    ... tous cas pour ce qui me concerne, pas moyen de couper à ces moments douloureux qui renaissent toujours des cendres des précédents. Les images d’une plage, de la mer ou d’un océan, les sourires d’un enfant, tout reste lointain et vague. Je ne veux pas crier ma haine et mon dédain pour ce que je vis. Non ! Des hommes, très instruits, très forts ont décidé pour moi. Ils se sont basés sur des faits justes ou pas, mais en conscience. Et je n’ai pas eu, dans ce grand cirque, mon mot à dire.
    
    Ça aussi n’est pas totalement juste. La dernière à prendre la parole de ce dernier jour de liberté, c’était ma petite personne. Mais après un si grand déballage de toutes les horreurs justifiant, à leurs yeux, mes actes… j’avais l’air plus bête que sympathique. De toute façon, c’était joué d’avance et je devais me résigner. Et l’autre, celle qui portait une robe noire, celle qui me murmurait des paroles de réconfort, n’a pas trouvé grand-chose pour me… disculper. Ils ont dit… rien ne justifie ce qu’elle a fait !
    
    — xxxXXxxx —
    
    Ils sont venus. Combien ? Je m’en fiche, ils sont nombreux, dès que je les ai appelés. Au bas de l’escalier, il est tombé. Comment ? Je n’en sais rien, mais sa tête fait un angle bizarre avec le reste de son corps. Je ne sais plus quelle heure il était quand le boucan m’a réveillée. Je me suis levée sans me précipiter et je l’ai vu, en bas sur le palier. Nous avions fait l’amour… enfin il m’avait plutôt prise brutalement. Je ne voulais pas, mais…
    
    Je ne comprends pas ...
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