Un jour sans fin
Datte: 26/02/2019,
Catégories:
nopéné,
confession,
Auteur: Jane Does, Source: Revebebe
... ça, c’est la pire des privations. Plus un mot ne sort de ma bouche depuis… je ne sais plus. D’autant plus que Marthe est partie. Où ? Je n’en sais rien du tout. Elle m’a simplement embrassée et souhaité bonne chance pour la suite. Enfin, elle m’a serrée contre elle et tout s’est résumé en un seul petit mot… merde !
— xxxXXxxx —
Le jeune flic est revenu cet après-midi. Fouille et autre douceur de la gardienne, une de celles dont les yeux se mettent à briller dès qu’elle prononce sa phrase favorite.
— Déshabillez-vous. Entièrement et tournez-vous. Accroupissez-vous et toussez.
— …
— Voilà ! C’est bon vous pouvez vous rhabiller.
Mais elle ne détourne pas le regard, suivant chacun de mes mouvements. La bête pourrait se rebiffer allez savoir ! Puis il est là ! Il se lève à mon entrée dans le local où il me reçoit.
— Bonjour, Agnès !
— Bonjour.
Il m’a aussi tendu la main. Premier geste humain depuis que je suis incarcérée. Et cette patte dans la mienne me tire presque une larme. Il me paraît du coup presque sympathique.
— Bon ! Je suis là pour vous entendre. Vous voulez bien me redire ce qui s’est passé ce soir-là… prenez votre temps, détaillez-moi tout et essayez de ne rien omettre…
— À quoi bon ? Votre justice, vos copains policiers, le juge, tout le monde a déjà son avis sur cela, à ce qu’il me semble. Alors… l’intérêt de rouvrir mes souvenirs…
— Je voudrais vous entendre me raconter votre version… par le menu, par le détail. Et je vais d’une part ...
... enregistrer ce que vous me raconterez et ensuite je ferai mon rapport.
Je le regarde, comme une bête acculée dans un coin et qui n’a plus d’alternative. Je remets de l’ordre dans mes souvenirs. Je démarre alors un long monologue. Le jeune type ne m’interrompt absolument pas. Il écoute, ce que personne n’a fait depuis ce fameux soir. Je débite ma rancœur, contre Paul, lui qui n’a pas été très cool et puis je redis notre engueulade, mes cris pour l’empêcher de me faire l’amour de force. Je lui narre tout, sans rien oublier. Ma descente au bas de l’escalier. Ma colère et l’attente avant de comprendre que ce n’était pas du bluff.
Il me laisse aller, dire et raconter. Je nage dans ce moment-là, avec cette fureur qui remonte à la surface. Le viol et mes menaces de partir, puis enfin je suis vidée par cette narration qui me repousse aussi loin que possible dans un moment terriblement douloureux. Enfin lasse, exténuée, je m’arrête de parler. Et il me regarde avec des yeux dans lesquels je ne peux rien lire. Mais c’est ma version, celle que j’ai vécue et que je viens de revivre devant lui.
Il a pris un tas de notes. Et il retourne d’un coup sur quelques points qu’à son sens, j’ai trop vite survolés. Il me demande de lui réexpliquer ma réaction en bas des marches. Et je reviens sur le sujet avec cette fois le cheminement de ce moment. Je me revois et je retrouve les mots que j’ai prononcés, dans ma fureur. Ceux du palier avant de descendre.
— Paul, bon Dieu… qu’est-ce que tu ...