1. Bière et tisane


    Datte: 25/02/2019, Catégories: fh, inconnu, boitenuit, amour, cérébral, photofilm, nopéné, nostalgie, coupfoudr, Auteur: Olaf, Source: Revebebe

    ... ce qu’elle voulait, mais pourquoi diable me laisse-t-elle ainsi tomber ? Je n’ai pourtant pas rêvé, elle m’avait bien fait comprendre qu’elle souhaitait me revoir, aux alentours de sa nouvelle lune.
    
    Finalement, c’est par le boulot que la bonne surprise arrive. Sous la forme du gars qui avait ramené sa copine en voiture. Au moment de quitter ma boîte en fin de journée, je le découvre en grande discussion avec un de mes potes. Je m’approche discrètement. Ils n’en finissent plus de disserter sur les avantages et les désavantages d’un nouveau produit. Je sais que je touche au but. Mon cœur bat la chamade, ce type tient les clefs de mon bonheur entre ses mains, et moi, j’en suis réduit à attendre la fin de leur conversation en dansant d’un pied sur l’autre. J’hésite à les interrompre. Je ne suis pas superstitieux, mais dans la tension de l’instant, je me surprends à redouter un mauvais sort si je tente de forcer mon destin.
    
    Au moment où je prends l’exacte mesure de la durée de l’éternité, ils finissent par remarquer ma présence.
    
    — Eh, salut Jérôme, c’est Bertrand que tu attends, tu le connais ?
    — En fait, on s’est croisés de loin récemment.
    — Tiens, vous fréquentez les mêmes bars ?
    — Pas vraiment, mais, indirectement, les mêmes filles. Véronique, ça te dit quelque chose ?
    — La copine de Brigitte ? Un peu, mais c’est pas vraiment le style marrante-marrante, si tu vois ce que je veux dire…
    — C’est pas ce que je cherche en ce moment. Mon truc, ce serait plutôt les ...
    ... petites blondes, sérieuses et romantiques.
    — Alors là, tu vas être gâté. Sauf qu’elle est malade, ces jours. Si tu veux jouer les infirmières, je te file son adresse de courriel.
    — Un peu, j’étais saint-bernard dans une autre vie.
    
    Il me regarde bizarrement avant de griffonner l’adresse virtuelle de Véro. Je dois avoir les yeux exorbités. C’est mon passeport pour le paradis, ce truc, ma bouée, mon sauf-conduit. Je n’en peux plus d’attendre, il le sent et commence à se méfier. Peut-être est-il en train de trahir sa nouvelle conquête, je suis un type infréquentable, un violeur en série, il va se retrouver à la une d’un quotidien, devenir la cause d’un horrible meurtre.
    
    Mon collègue vole à mon secours, lâche une plaisanterie épaisse sur mon compte tout en extirpant le billet des mains du type, pour le glisser dans ma poche avec un clin d’œil complice. Je devrais les inviter pour boire un verre, histoire de les remercier du tuyau, mais je suis incapable de rester plus longtemps en leur compagnie. Je ne tiens plus en place. Après quelques salam aleikum, je m’arrache et fonce chez moi pour envoyer un courriel à Véronique.
    
    Bon sang que c’est difficile d’écrire les premières lignes d’une histoire d’amour. Je recommence mon message des dizaines de fois, tant j’hésite sur la meilleure manière de la convaincre. Comme si je n’avais qu’une seule chance. Pas bon, ça, c’est le meilleur moyen de tout faire capoter.
    
    Encore une autre version, plus tendre, puis une autre, moins ...
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