1. Bière et tisane


    Datte: 25/02/2019, Catégories: fh, inconnu, boitenuit, amour, cérébral, photofilm, nopéné, nostalgie, coupfoudr, Auteur: Olaf, Source: Revebebe

    ... parfois pourris, mais des choix quand même. Alors que moi, soumis comme je le suis à la tyrannie de l’alcool dès que je suis submergé par les soucis, je me contente de décider de ce que je ne veux pas. Le reste ne dépend que très rarement de moi.
    
    Décidément, sitôt que je me trouve à proximité de Véronique je commence à me remettre en question. Sa seule présence m’incite apparemment à passer du stade de larve à celui de… de quoi ? De papillon ? Mort de rire ! Même si cela pouvait représenter une belle preuve d’admiration, rien que pour elle.
    
    Pendant que mon esprit vagabonde, elle s’endort, la tête appuyée contre ma hanche, une main posée sur la mienne. Depuis le chevet de son lit, je regarde à nouveau les photos sur les murs. Tout est dans le regard de celle qui a pris ces images. Elle l’a dit tout à l’heure, « mes photos, c’est peut-être le plus intime de moi ». Par l’image, je peux donc peut-être retrouver son regard sur les choses et les gens. Puis, par son regard, retrouver son état d’esprit, ses sensations, le plus secret d’elle.
    
    Il en va de même pour le corps qu’elle vient de déposer entre mes mains. En partageant ce qui s’y trame, dans les bons comme dans les mauvais jours, je peux peut-être appréhender ce qu’elle ressent, comment elle le ressent et comment elle vit dans ce corps. Peut-être puis-je même arriver à découvrir le plus intime, le plus impudique, mais aussi ...
    ... le plus excitant de cette étrange femme, pour être prêt le jour où elle voudra bien le partager avec moi. Ce n’est pas demain la veille, mais rien ne m’empêche de m’y préparer.
    
    Elle gémit maintenant, dans son premier sommeil. Je reste près d’elle, à caresser son visage, ému par la finesse de ses traits, la douceur de sa peau sous mes doigts. Chaque fois que ma main passe sur son front, un fin sourire naît sur ses lèvres. Je ne résiste pas à l’envie d’y poser les miennes. Qu’importe la contagion, si je dois être malade, autant que ce soit d’elle. Dans un demi-sommeil, elle m’embrasse longuement, tendrement. Je me délecte de cette offrande inconsciente, qui dure interminablement. Lorsque, enfin, nos lèvres se séparent, je me sens repus, comblé, presque aussi bien qu’après avoir fait l’amour. Demain matin, elle ne se souviendra de rien. Seule la tasse vide lui rappellera mon passage.
    
    J’attends qu’elle dorme plus calmement pour me détacher d’elle. Après un dernier regard sur ses photos, je souffle les bougies. Je laisse un petit message à la cuisine, pour lui donner l’adresse d’un copain acupuncteur, qui n’a pas son pareil pour soigner les sinusites.
    
    Je n’ose pas insister pour qu’elle me recontacte. Elle a mon adresse courriel, je lui laisse la liberté de me retrouver quand bon lui semblera. J’ai fait le plein d’émotions et de sensations les plus diverses. Son rythme sera le mien. 
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