Bière et tisane
Datte: 25/02/2019,
Catégories:
fh,
inconnu,
boitenuit,
amour,
cérébral,
photofilm,
nopéné,
nostalgie,
coupfoudr,
Auteur: Olaf, Source: Revebebe
Avec le recul, je me dis que le plus caractéristique de ma relation avec Véronique fut sa banalité. Rien de ce que nous traversâmes ensemble ne sortit réellement de l’ordinaire. Seule une illusion d’originalité transcendait nos actes et nous donnait l’impression d’être plongés dans une aventure à nulle autre pareille. Alors qu’en réalité, nous vécûmes très exactement ce que tous les couples vivent une fois ou l’autre. Sauf que nous découvrîmes en l’espace de quelques semaines ce qu’un autre couple met une vie entière à partager. À supposer qu’il résiste assez longtemps pour appréhender autant d’aspects différents de l’échange amoureux.
Cela tenait sans doute à la personnalité de Véronique. Aujourd’hui encore, je suis fasciné par cette manière si naturelle qu’elle avait d’être, en apparence, absolument comme tout le monde. Pas banale, certes non, mais comme tout le monde. Avec une désarmante humilité face à l’évidence que sa vie ne différerait jamais en rien de celle des autres. Du genre « à quoi bon résister, autant garder mes forces pour le grand soir ».
Or, ces grands soirs, Véro les dénichait dans la grisaille des jours comme un cochon truffier débusque une princesse noire sous un mètre d’humus. Non seulement elle les dénichait, mais elle arrivait à profiter des surprises et des jouissances qu’ils réservent, comme si elle s’y était préparée depuis longtemps. D’un rien elle arrivait à faire un grand soir. Une tasse de chocolat chaud, dégustée à l’exact moment où sa ...
... vie pourrie se rappelait cruellement à son mauvais souvenir. Une goutte de pluie glissant sur une feuille, découverte à l’instant même où une larme de rage allait couler sur sa joue. N’importe quelle infime surprise suffisait à l’enchanter. Elle avait une facilité innée à jouir pleinement de l’instant, en se plongeant corps et âme dans la plus insignifiante des aventures. Des aventures dont elle savait faire le plus beau des voyages.
C’était comme un déclic, comme l’étincelle d’une baguette magique qu’elle aurait tenue en permanence en main. Pif, paf, pouf, son regard changeait, son sourire s’allumait, et elle était en piste. Plus trace de banalité. Une reine qu’elle devenait dans ces moments-là, une vraie reine. Et belle avec ça, belle à en garder la bouche ouverte. D’une seconde à l’autre, elle se transformait en turbo-Véro, plus rien ne l’arrêtait, elle empoignait la vie à pleines mains, riait de tout et de rien, offrait à qui voulait la suivre l’évidence de son plaisir. Elle devenait même contagieuse. Et désirable comme aucune autre. Irrésistible.
Après, elle savait redescendre en douceur. Sa manière d’accepter la banalité de la vie enlevait toute crainte de retourner dans la routine. La voir une fois décoller, comme elle seule savait le faire, donnait pour toujours la garantie que les chienneries de la vie n’auraient en fin de compte jamais le dessus. C’en était rassurant. Avec elle, on pouvait revenir sur terre sans regrets. Il y aurait une autre fois. Complètement ...