Bière et tisane
Datte: 25/02/2019,
Catégories:
fh,
inconnu,
boitenuit,
amour,
cérébral,
photofilm,
nopéné,
nostalgie,
coupfoudr,
Auteur: Olaf, Source: Revebebe
... quémandeuse. Je finis par réduire mon message au strict minimum, on ajoutera les couleurs plus tard. Envoi…
La réponse arrive trente minutes plus tard. Elle est effectivement malade, un truc de streptocoques qui lui tient les sinus dans un étau. Mal à la tête, fièvre, quintes de toux, pas bien, pas belle, désolée, pas ce soir. Merci d’avoir pris de ses nouvelles.
Je m’accroche, lui certifie que je suis vacciné contre tout, sauf contre l’ennui d’elle. Que je suis plus analgésiant qu’une aspirine, plus antibiotique qu’une pénicilline de la nouvelle génération, plus antiphlogistique que la cortisone.
Elle répond qu’elle ne veut pas me laisser d’autre image d’elle que celle que j’ai gardée en sortant du bar, que nous n’avons rien à gagner à partager nos microbes. Nous poursuivons cet aller et retour sans nous lasser. Je renvoie chacune des balles jusqu’au fond du court. Aucun de ses arguments ne me résiste. J’use des plus perfides stratagèmes pour lui faire lâcher prise. Je me dis qu’en étant à ce point collant et prévisible, j’ai une infime chance de la faire marrer, malgré la fièvre, malgré son envie de se rouler en boule dans son pieu et de dormir seule.
Elle continue à répondre négativement à mes courriels, mais entre les lignes, je sens que sa résistance diminue peu à peu. Les arguments commencent à lui manquer. Elle me laisse prendre la main, comme si tout au fond d’elle, elle n’avait pas vraiment envie d’interrompre notre dialogue. Comme si ma présence ...
... virtuelle lui faisait du bien. C’est cette carte que je joue, en la suppliant de me laisser lui préparer quelque chose à boire de ma composition, souverain contre tout ce dont elle souffre, un truc à réveiller un mort. Après quoi, juré craché, je m’éclipserai sans laisser de traces.
Trois courriels plus tard, elle cède enfin, à condition de…, si je promets que…, et surtout si je fais gaffe de ne pas réveiller sa petite qui dort dans la pièce juste à côté de l’entrée. Je promets. Et je suis sincère. J’ai juste envie de sentir qu’elle est vivante, de voir son sourire, de savoir que mon attente va prendre fin.
La porte de son appartement est entrouverte lorsque j’arrive une quinzaine de minutes plus tard. Elle s’est recouchée entre temps. Je la découvre entièrement couverte par un épais duvet. Quelques mèches blondes ornent l’oreiller et entourent son visage. Elle a allumé des bougies, pour que la lumière douce cache sa mauvaise mine. Malgré cela, elle a l’air terriblement sonnée par la fièvre et le mal de tête. Son visage est creusé, ses paupières sont gonflées, sa bouche est sèche. Sur son front perlent quelques gouttes de sueur.
Elle me regarde sans rien dire. Je craque complètement. J’aimerais pouvoir la soulager, la bercer. Elle se trompait, je suis loin d’être désarçonné par ce que je vois d’elle. Nous nous trouvons dans un registre diamétralement différent de ce que nous avons vécu la première fois, mais, sitôt à ses côtés, je suis à nouveau bousculé par des sentiments ...