1. On ne peut pas faire le bonheur des autres contre leur gré


    Datte: 24/02/2019, Catégories: vengeance, portrait, Auteur: Kris, Source: Revebebe

    ... son mari se vanter de son infidélité, peut être une illusion, mais elle se plaît à vouloir la garder.
    
    Elle se rend au comptoir pour régler, perdue entre le plaisir du repas et l’agacement de cette conversation.
    
    — Je vous dois ?
    — 4,90.
    — Vous devez vous tromper, il y a la salade et le café.
    — Non, c’est un geste… commercial, pour vous fidéliser le midi.
    — Merci, tout était parfait.
    — C’est moi qui vous remercie !
    — Vous faites des plats du jour ?
    — Oui, c’est selon ce que je trouve au marché. Vous voyez que le geste commercial fonctionne !
    
    Elle sourit. Lui aussi, il a du charme, et une alliance.
    
    — C’est votre épouse qui cuisine ?
    — Euh, non je suis seul, pour tout.
    — Chapeau, vous m’épatez ! Et merci pour la table !
    — À demain !
    — Oui, à demain.
    
    Cinq minutes pour se rendre sur le chantier, elle va devoir presser le pas. Elle n’est jamais en retard.
    
    Elle doit se concentrer, que de sensations variées et opposables en si peu de temps.
    
    Il est seul pour tout. Pourquoi a-t-elle posé cette question ? Il va la prendre pour qui ? En même temps, si elle est honnête avec elle-même, c’était bien sa question. Cela ne lui ressemble pas…
    
    Fin de remise en question, boulot, boulot.
    
    Bottée et casquée, elle entre sur le chantier, pile à l’heure, sept, huit, neuf, il en manque deux, deux retardataires… Pas mal, sa réputation commence peut-être à porter ses fruits. En fait, elle connaît ceux qui sont déjà là ; ceux qui manquent sont des nouveaux, ils vont ...
    ... vite être mis au parfum.
    
    — Messieurs, bonjour. Merci d’être à l’heure. Je vais vous remettre les dernières modifications faites par rapports aux appels d’offres et je vous rencontre pour les différentes questions que ma secrétaire vous a transmises.
    
    Elle profite de la remise des dossiers pour mémoriser les noms des retardataires et de leurs sociétés. La visite commence. En vrai professionnel, chacun apporte les réponses souhaitées à chaque étape, confortant les choix qu’elle a faits. Prochaine étape, les retardataires vont perturber cette mécanique bien rodée.
    
    Peut être pas trop longtemps, deux voitures viennent de se garer, les conducteurs en sortent en hâte, se casquent et pressent le pas vers le groupe immobile.
    
    Le monde est petit.
    
    Elle a déjà entendu des tonnes d’excuses, certaines plus farfelues mériteraient un recueil humoristique dans le genre des best-of écrits à la va-vite : «Les cent excuses les plus bidons pour expliquer un retard». Ils sont à vingt mètres et, à leur démarche, elle sent poindre un festival de banalités. Elle miserait bien sur les routes encombrées à quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Certainement qu’en voyant leur visage, elle pourra déterminer la catégorie de mensonges dont ils usent et abusent pour se justifier.
    
    Mais, bouleversement imprévu, ils sont maintenant à portée de vue de sa légère myopie. Elle ne s’attendait pas du tout à ça. «Le monde est petit » ! Les deux retardataires qui s’avancent en tentant d’arborer un sourire ...
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