On ne peut pas faire le bonheur des autres contre leur gré
Datte: 24/02/2019,
Catégories:
vengeance,
portrait,
Auteur: Kris, Source: Revebebe
... plus tôt, elle n’aurait pas accepté de poste à responsabilité pour préserver son couple, alors que là, les horaires à rallonges étaient une bénédiction, les responsabilités une échappatoire et le titre une protection.
Que des subalternes ! Les hommes ne draguent pas leurs chefs et les femmes ne font pas de confidences à leur supérieure, exactement ce dont elle avait besoin : distance et respect. Elle ignorait la médiocrité des autres, simplement parce qu’elle était épargnée et heureusement pour eux.
Elle avait beau se dire qu’elle était mieux comme ça, le premier don Juan venu aurait quand même payé pour la trahison de son mari et la première blondasse colporteuse de ragots pour la machiavélique OPA de sa meilleure amie sur son bonheur.
Évidemment, elle était loin de ses rêves d’enfance, elle qui n’avait pas voulu être princesse, mais super-héros. Elle devait sauver le monde des méchants, dénoncer les complots, débusquer les manipulateurs et retourner le soir dans l’anonymat d’une vie de famille, épouse parfaite d’un homme important du gouvernement, impuissant devant le crime organisé, et qui lui confiait ses soucis, sans savoir qu’elle était la superwoman que la ville acclamait.
Non vraiment rien à voir avec cette jeune quadra qui n’avait pas pu avoir d’enfants et qui jouissait, plus par vengeance que par nécessité, de la propriété de leurhome sweet home trop grand pour une femme seule.
Personne pour lui confier les problèmes de la planète, mais personne non ...
... plus pour lui mentir, plus de mari en réunions imprévues qui finissent tard, de déplacements le week-end parce que le boss ne respecte pas la vie de famille de ses employés. Plus de boss qui laisse un message sur le répondeur à l’homme qui est supposé travailler durement avec lui. Et le top, le summum, plus de meilleure amie qui, alors que vous l’attendiez devant chez elle pour vous consoler, revient de week-end et embrasse le coupable sous vos yeux.
Super-héros, super-banal, comme un couple de cadres supérieurs sur deux.
Elle a bien pensée à donner un peu de sens à sa vie, le bénévolat humanitaire, les restos du cœur, les clowns de l’espoir, mais elle ne se sent pas assez forte pour affronter la misère des autres et surtout elle trouve ça hypocrite de s’en servir comme thérapie.
Pour l’instant, elle met toutes ces idées de côté, peut-être un jour, quand elle aura fait le point, vraiment fait le point.
Aujourd’hui : une journée de travail bien remplie, une solution peu coûteuse pour laisser ses idées noires au vestiaire. En plus, elle trouve que déballer sa vie sur un divan ne lui correspond pas, surtout pas à un inconnu, un mâle surpayé et suffisant qui rangera le drame de sa vie au milieu de centaines d’autres semblables.
D’ailleurs les spams, dans sa boîte à « courriel » lui rappellent que déjà beaucoup d’autres profitent de ces solitudes modernes. Comme tout les matins, elle classe en indésirables ces emails de sites de rencontres et autres viagras chinois ...