1. Rhapsody in blue - Deuxième partie


    Datte: 16/02/2019, Catégories: fh, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... rien.
    
    – Ah, vous voilà enfin, dit-il en anglais, en nous rejoignant. J’ai été chercher les bières, mais j’ai croisé un ami…
    
    En prenant la bouteille qu’il m’offre, je lève les yeux et croise son regard. Ses yeux m’observent, doux mais curieux.
    
    – Thanks, fais-je du bout des lèvres.
    
    Nous discutons un moment, nous interrompant parfois pour contempler en silence la décharge multicolore qui ruisselle comme une avalanche au-dessus de nos têtes. Une douce ivresse me saisit bientôt. Beaucoup de joie, même temporaire, et un peu d’alcool dans un même tempo, et me voici délicieusement grisée pour la fin de la soirée.
    
    Un sourire béat accroché aux lèvres comme en suspension dans l’air, je m’appuie discrètement contre toi, debout derrière mon dos. Tu t’approches aussitôt dans un contact plus étroit.
    
    Il fait assez sombre, Arkshay regarde au-dessus de lui, les gens se pressent autour de nous, nous ne craignons donc aucune fuite. Je savoure cette entorse à la règle du« je ne te touche pas, tu ne me touches pas », avec une satisfaction totale. Dans mon dos, nos doigts se cherchent, se trouvent, se lient et se délient, à la fois complices et malicieux ; instant fugace de bonheur, pur délit à apprécier comme il se doit. Je sens soudain ta poitrine se secouer bizarrement, avant de comprendre que, tout comme moi, tu étouffes un rire irrépressible. Quelle chance de pouvoir berner les gens si facilement ! Arkshay est là, tout près de nous, et il ne se doute de rien.
    
    Un coup d’œil ...
    ... vers lui m’indique pourtant qu’il existe une autre version : Arkshay contemple le feu d’artifice avec un peu trop d’application, prenant même un air quasiment niais. Peut-être ne veut-il pas nous gêner en regardant un peu trop franchement nos silhouettes, penchées un peu trop douteusement l’une vers l’autre. En tout cas, ilfait semblant de ne se douter de rien.
    
    Comme toi et moi nous faisons actuellement semblant d’être amis, tout comme nous faisons semblant d’éprouver quelque chose l’un envers l’autre, pour justifier nos étreintes.
    
    C’est comme une fissure qui s’ouvre en moi : ce n’est pas une relation réelle, c’est un lien illusoire qui nous rassure. Je ferme un instant les yeux, tandis qu’une vague de nausée monte et descend aléatoirement dans mon estomac.
    
    Je ne perds jamais de vue que nous ne ressentons rien de spécial l’un pour l’autre, que nous ne nous sommes rapprochés que par l’effet du hasard, et pourtant, à chaque fois que cette pensée m’envahit, une douloureuse blessure se rouvre en moi, franchissant le mur inconsistant de mes cicatrices mal refermées. Je ne peux pas m’empêcher de ressentir les antiques traces de mon amour pour toi, demeurées au fond de moi, comme des empreintes préhistoriques.
    
    À contrecœur, je m’écarte légèrement. Comme en réponse à cet éloignement, ta main reprend la mienne dans une caresse interrogative, avant de la relâcher.
    
    – J’ai cru sentir un pistolet dans mon dos, dis-je par-dessus mon épaule, sur un ton de plaisanterie.
    
    Tu ...
«12...8910...19»