Rhapsody in blue - Deuxième partie
Datte: 16/02/2019,
Catégories:
fh,
regrets,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... approches ton visage, et chuchotes, faussement lubrique :
– Et il était dur, ce pistolet ?
Un frisson me parcourt de la tête aux pieds, et je t’observe entre mes cils. Tu me fais une mimique vicieuse, et j’éclate de rire, débarrassée pour un temps de mon malaise. Arkshay se rapproche alors de nous, et nous finissons nos bières tous les trois, la tête dans les étoiles.
Une fois le feu d’artifice terminé, nous nous dirigeons vers le quartier de la gare, dit « chaud », à la fois constellé de bars, mais aussi d’endroits peu fréquentables, voire de bordels. Heureusement, nous sommes partis avant que la masse ne se déplace, nous sommes donc à peu près libres de nos mouvements.
La faim commence à se frayer un chemin dans mon estomac, et je suggère d’aller manger un morceau quelque part. Arkshay a l’air du même avis que moi. Toi, tu n’as pas faim, ce qui ne nous empêche pas de rentrer chez un vendeur de sandwichs, pizzas, kebabs, et autres plats à emporter.
Pendant que nous faisons la queue, Arkshay et moi, tu vas nous chercher une table au fin fond de la salle. Je suis donc seule avec Arkshay, si l’on ne compte pas, bien sûr, la foule de gens qui vont et viennent autour de nous, dans un brouhaha inextinguible. Arkshay me sourit alors d’un air encourageant.
Je réalise que pas une seule fois jusqu’ici, je n’étais restée seule avec lui. Nous nous sentons brusquement intimidés comme des collégiens, bien que l’un comme l’autre nous ne soyons pas d’une nature timide. ...
... L’obstacle de la langue est sans doute le facteur déclencheur de cette brutale intimidation. Ce n’est pas que nous ne savons pas quoi dire, ou que nous n’osons pas ; c’est que nous ne savons pascomment le dire.
Pour combler le vide, Arkshay me pose une série de questions hésitantes.
Paris ? Oui, je connais bien Paris. C’est une ville trop grande, bruyante, mais agréable à vivre et à l’emballage magnifique. Arkshay y est déjà allé, il adore cette ville. Comme beaucoup d’étrangers, je pense en silence.
Il s’excuse – sans raison – de ne pas savoir parler français, me pose encore un tas de questions, reste silencieux un moment. C’est bientôt notre tour.
Nous commandons une pizza pour deux. Mais au bout de dix minutes, ne voyant rien venir, je commence à m’impatienter. La pizza se fait attendre. Ne sachant pas quoi faire, nous prenons notre mal en patience en nous remettant à converser. Pourtant, je voudrais mettre fin à ce tête-à-tête avec lui, bien qu’il soit charmant et courtois.
Sans pouvoir l’en empêcher, je sens bien que LA question problématique va tomber d’un instant à l’autre, comme un couperet qu’on n’aurait pas vu venir, et j’aimerais bien que tu sois là au moment où ma tête va tomber. Ma gorge se serre.
Je suis idiote de réagir ainsi. Après tout, il le saura sûrement un jour – après mon départ sans doute – et puis quoi, qu’est-ce que ça peut faire ? Si tu voulais que tes amis ne se posent pas de questions sur moi, sur « nous », il ne fallait pas me les ...