Rhapsody in blue - Deuxième partie - Histoires de Sexe

Rhapsody in blue - Deuxième partie

... visionnage.

– Eva ?

Le son est doux mais me donne envie de grogner.

– Eva ?

– Mm.

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux. Je suis au chaud, tranquille, heureuse. Je veux me replonger dans cette douceur exquise, et ne plus penser.

– Eva, il faut te réveiller. Il est tard, nous partons dans une demi-heure.

Partir ? Et où ça ? Je n’ai pas envie de partir, de quitter cette ouate apaisante et confortable. Je m’étire avec délectation et tente de me rendormir lorsque je me sens soudain secouée comme un prunier. J’ouvre brusquement les paupières. Me souviens. Sale journée. Crevée. Et moi qui me suis finalement décidée à lire un livre sur le canapé à côté de toi. J’ai dû m’endormir. Ça devient une manie !

Penché sur moi, tu sembles étudier mon visage comme si j’étais devenu un spécimen rare et plutôt intéressant.

– Lâche-moi, grommelé-je.

Tu retires tes mains de mes épaules, et t’écartes un peu pour te renfoncer dans les coussins et me scruter attentivement, un demi-sourire aux lèvres.

– Toi aussi tu es fatiguée, on dirait, dis-tu, espiègle.

D’un air désinvolte, j’arque un sourcil, et regarde autour de moi, jusqu’à ce que mes yeux rencontrent ta pendule. Jamais fichue de me souvenir où elle est accrochée, celle-là. Il est bientôt vingt heures trente. Nous avons dormi presque une heure entière !

Je fais un mouvement pour descendre du canapé où je me suis recroquevillée, quand tu attrapes mon bras et le retiens.

Je me tourne vers toi, ...

... surprise.

– Je voulais savoir : à quelle heure sera ton train, dimanche ? demandes-tu.

Ton regard est difficile à déchiffrer. Je hausse les épaules, un peu perplexe, et te réponds poliment. Mais tes sourcils se froncent.

– Tu ne veux pas rester plus longtemps ? dis-tu alors, avec brusquerie. Une semaine peut-être ?

De plus en plus étonnée, je te fixe intensément, cherchant à deviner le fond de ta pensée, puis je fronce également les sourcils, presque sans m’en rendre compte.

– Non, dis-je d’un ton guindé. Tu sais bien que non.

Tu t’enfonces plus profondément encore dans la mousse des coussins, sans me quitter des yeux. Ta main desserre son étreinte autour de mon biceps, et j’en profite pour m’éloigner à l’extrême bord du canapé.

– Je pensais qu’on aurait un peu plus de temps pour visiter des choses ensemble, murmures-tu enfin.

Je respire profondément, te glisse un regard stupéfait mais déterminé, et reste silencieuse.

– Okay, fais-tu.

Et il me semble que ta voix est comme une capitulation.

– Peut-être est-ce mieux comme ça, tu as raison, ajoutes-tu.

– Ça, je sais.

Je me lève, mais encore une fois, vive comme l’éclair, ta main me saisit, l’épaule cette fois.

– Eva…

Je te dévisage en silence, m’attendant au pire. Imperceptiblement, les battements de mon cœur se sont accélérés.

– Si tu es fatiguée, on peut rester ici, ce n’est pas un problème.

Je m’assieds à nouveau à ton côté, le regard soupçonneux malgré moi.

– Et toi ? répliqué-je. Tu ...