Rhapsody in blue - Deuxième partie - Histoires de Sexe

Rhapsody in blue - Deuxième partie

... le replace donc diligemment sous la coupelle de la plante, reste immobile un moment, les yeux fixés dessus, puis souris dans le vide.

Je suis en train de mettre la dernière touche à la dernière carte postale lorsque tu franchis le seuil du studio. Tu poses ta sacoche, et après t’être promptement débarrassé de ton manteau, tu vas directement t’avachir dans les coussins du canapé, me fixant d’un air las. Tout en te jetant de petits coups d’œil, je pose mon stylo, range ma carte sur le tas déjà écrit, et finis par me lever.

– Salut, dis-je avec un sourire.

Tu me souris immédiatement, tandis que je m’agenouille devant toi.

– Salut. Ça va ? demandes-tu d’une voix fatiguée, mais enjouée.

– Oui, mais toi ? Tu as l’air vanné.

Avec un soupir, tu poses ta tête contre le dossier du canapé, et fermes un instant les yeux.

– Oui, je suis fatigué. Les cours ont été longs, et même si j’aime ce que je fais…

Tu ne finis pas ta phrase, mais je devine le reste.

– Évidemment, poursuis-tu avec une pointe de malice, tu n’es pas étrangère au fait que je sois si fatigué aujourd’hui. J’ai des courbatures partout…

Je pose mon menton sur ton genou en souriant. Je sens la raideur de tes muscles sous le tissu épais du pantalon. Tu me contemples d’un air un peu lointain, étonné de cette brutale intimité peut-être.

– Pourquoi ris-tu ? demandes-tu néanmoins avec un sourire bizarre.

– Moi aussi je n’ai plus l’habitude de tous ces exercices, laissé-je tomber en ...

... pouffant. J’ai dû m’asseoir au moins une dizaine de fois pendant ma promenade, aujourd’hui, tellement j’étais fatiguée !

Tu ne réponds pas, mais ton sourire s’accentue, et tu reposes ta nuque contre le dossier, m’observant entre tes paupières. Le rouge me monte inexplicablement aux joues.

– Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ? murmures-tu doucement.

– Je suis retournée dans la vieille ville, et j’ai visité Carouge, aussi. J’avais envie de rentrer dans la cathédrale Saint-Pierre, mais il y avait un enterrement ! C’est bien ma chance… Arrête de rire, tu veux ? Puis j’ai acheté des cartes postales. Je les posterai demain. J’ai pris plein de photos, mais il ne faisait pas si beau, et je crois que la lumière et les couleurs ne seront pas bonnes.

Tu hausses les épaules, et d’un doigt paresseux, caresses la courbe de mon front, avant de glisser une main dans mes cheveux. Je te regarde. Si tout pouvait venir si facilement entre nous !

Troublée malgré moi, je te tourne soudain le dos, et fais mine de sortir de mon sac les broutilles que j’ai amassées dans la journée ; puis je visionne ce que j’ai filmé, les yeux plongés dans l’œil de mon caméscope. Je m’arrête brusquement, réalisant que je ne serai bientôt plus ici, assise sur ce tapis à tes pieds, en train de maudire le sort. Presque timidement, je me tourne vers toi, malgré tout étonnée de ton silence.

Les yeux clos, la bouche entrouverte, tu dors, tout simplement. Je soupire longuement, et reprends mon activité de ...