1. Un simple petit baiser


    Datte: 16/02/2019, Catégories: fh, jeunes, complexe, neuneu, amour, revede, mélo, prememois, attirautr, Auteur: Sandre, Source: Revebebe

    ... croise Joséphine dans la cage d’escalier.
    
    — Mais que fais-tu ici ? Mais que fais-tu ici ? me demandait alors cette tarée qui adorait répéter les phrases ; ça l’amusait.
    — Je passe à gauche, je passe à droite. La balle au centre, avais-je parfois envie de plaisanter.
    
    Mais je crois qu’elle n’avait qu’une vague idée de ce que pouvait être la gauche et de ce que pouvait être la droite, c’était vraiment une drôle de fille. Croiser quelqu’un dans un escalier n’était pas un réel problème pour elle, mais beaucoup plus un jeu qui la rendait joyeuse. Elle ne savait jamais trop comment s’y prendre, ni comment ça allait exactement se terminer : si j’allais me pousser ou me reculer pour la laisser passer, ou si j’allais au contraire lui faire barrage, auquel cas elle était bien ennuyée. Parfois, elle reculait ou alors m’houspillait. Il faut dire que l’escalier n’était pas bien large et plutôt du genre abrupt. Souvent, je la taquinais en lui laissant croire qu’elle pouvait passer mais je refermais le passage au tout dernier moment. Quand elle parvenait enfin à dépasser l’obstacle, ça la rendait hyper heureuse, elle se mettait à crier de joie et je l’entendais sauter de marche en marche, en dévalant jusqu’à la rue, en se racontant toute seule une belle histoire, qu’elle était certainement la seule à bien pouvoir comprendre.
    
    — Ah, c’est là que t’habites ! s’exclama-t-elle un jour, en comprenant soudain que je logeais exactement au même étage que sa vieille prof, et la porte juste ...
    ... à côté.
    
    Toujours est-il qu’un matin, elle s’était pointée chez la mère Pérez et n’arrêtait pas de sonner, de taper, d’appeler à la porte de ma logeuse alors que celle-ci, manifestement, n’était pas chez elle. Complètement excitée, Joséphine parlait fort dans les escaliers et faisait un raffut du diable, elle n’allait pas tarder à rameuter tous les locataires. Certes, les autres, je n’en avais rien à foutre mais, d’un autre côté, moi aussi, cela me dérangeait. Alors, je suis sorti sur le palier pour tenter de la calmer, pour essayer de lui faire comprendre qu’elle n’était pas dans un hall de gare, que son éducatrice était momentanément absente, qu’elle était peut-être partie pour faire une course. En me voyant, elle s’est quelque peu radoucie, son visage s’est illuminé, mais il fut difficile de lui faire entendre raison. Selon elle, madame Pérez ne pouvait qu’être là, parce que c’était l’heure où elle venait généralement la visiter et qu’elle était toujours là lorsqu’elle venait la voir, son raisonnement était d’une logique implacable.
    
    Après moult palabres, toutes aussi tonitruantes les unes que les autres, elle consentit finalement à m’accompagner dans ma piaule où je lui proposai d’attendre sa préceptrice, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à jacasser… À mon sens, Dieu n’aurait jamais dû se risquer à donner la parole à ce genre de fille, car elle en usait et en abusait. C’était pour moi complètement impossible de la faire taire car elle avait toujours un mot à dire, ...
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