Un simple petit baiser
Datte: 16/02/2019,
Catégories:
fh,
jeunes,
complexe,
neuneu,
amour,
revede,
mélo,
prememois,
attirautr,
Auteur: Sandre, Source: Revebebe
... n’avais rien fait, que je ne me sentais pas spécialement coupable, ce n’était qu’un simple petit baiser. Et, Joséphine, moi je l’aimais… En fait de flic, c’était une femme, une grande femme brune dans la quarantaine, distinguée et bourgeoise, manucurée jusqu’au bout des ongles. Elle me lança un regard froid où je perçus un grand mépris. Pour elle, je n’étais visiblement qu’un pauvre type. Ma mère réagissait, elle aussi, très souvent de cette façon-là.
— Vous avez conscience de ce que vous avez fait ? Je ne sais pas si vous en avez conscience. Perturber comme ça une pauvre fille !
Alors j’ai serré les dents.Je te chie dessus avec tes belles idées, c’est ça que j’ai pensé. Je voyais bien cette maniérée faire des dons aux bonnes œuvres. Tout comme ma mère, le même modèle en tout aussi conne. Le genre de femmes que je détestais.
— Vous devriez avoir honte ! Regardez-moi quand je vous parle ! Qu’est-ce qui vous a pris comme ça de l’embrasser ? Vous savez que des choses comme ça, c’est condamnable par la justice, que je pourrais vous dénoncer. En tout cas si vous vous approchez encore, ne serait-ce qu’une fois, de ma fille, je vous jure que vous allez avoir de sérieux problèmes. J’espère que vous me comprenez !
Je baissais les yeux sans moufter.Cause toujours, tu m’intéresses…
— C’est compris ? Regardez-moi. Ayez au moins la politesse de me répondre !
Mais elle ne réussit pas à me soutirer la moindre parole. Après m’avoir bien condamné, les deux femmes finirent ...
... par me relâcher. Du palier, je les entendis vomir leur fiel : Crétin, taré… Je suis sûre qu’il n’en a même pas conscience… Quinze jours plus tard j’avais déménagé, encore dans un autre quartier.
Quatre ou cinq ans après ces faits, je sortais d’une cure de désintoxication pour alcoolisme. Toujours sans boulot, je zonais comme un zombie dans la ville, à rien glander à longueur de journée. J’attendais à un arrêt de bus quand une femme brune m’a abordé, sauté au cou et embrassé. Elle se souvenait parfaitement de moi. Moi, sans doute un peu moins, à cause des ravages de l’alcool. Les passants nous ont regardés, se sont peut-être inquiétés de voir cette fille d’apparence anormale embrasser un gars comme moi, hirsute et mal rasé. Le car est passé, nous ne sommes pas montés, notre baiser s’éternisait… Mais que d’amour en elle ! Tout l’amour de la terre. Elle me voulait pour elle et ne voulait plus me lâcher, et continuait à me dévorer au risque de m’étouffer.
Joséphine a voulu savoir où j’habitais et j’ai pris tout mon temps pour le lui montrer. La suite, je ne sais pas si je vous la raconterai un jour. C’est l’histoire finalement banale de deux êtres qui cherchaient un peu de bonheur et qui, finalement, se sont aimés. Combien de fois, lors de ses visites, avons-nous eu du mal à nous séparer ! Elle se faisait pourtant enguirlander quand elle rentrait en retard chez ses parents. Et, je crois bien que je n’ai jamais connu femme aussi heureuse, heureuse de vivre, heureuse d’espérer… ...