1. Un simple petit baiser


    Datte: 16/02/2019, Catégories: fh, jeunes, complexe, neuneu, amour, revede, mélo, prememois, attirautr, Auteur: Sandre, Source: Revebebe

    ... Je les ai invectivés et incendiés, en les traînant plus bas que terre. Par pure vengeance, je les ai traités de vieux débris, de vieux fachos et d’enfoirés. Comme les gens autour d’eux commençaient à s’énerver, je me suis barré.
    
    Plus tard, dans l’après-midi, je suis retourné rôder du côté de la MJC, j’ai repéré de nouveau cette jeune fille sombre au visage grêlé. Cette fois-ci, j’étais coincé, je ne pouvais plus reculer, il fallait que je me décide. J’ai attendu patiemment que la répétition se termine. Quand la fille est sortie dans le couloir, je l’ai rattrapée, agrippée, collée dans un coin du mur, presque embrassée de force. Du moins j’ai essayé mais elle s’est débattue et m’a repoussé :
    
    — Mais ça va pas, connard !
    
    Puis elle s’est enfuie en courant vers la sortie.
    
    — JE T’AIME, que je lui ai crié, complètement désespéré.
    — Vas te faire foutre, Ducon, a-t-elle répliqué.
    
    Puis elle est ressortie et a parlé avec quelques types attroupés devant le bâtiment. Je l’ai imaginée en train de leur dire : Ya ce connard, là-bas, qui a essayé de m’embrasser… D’ailleurs, deux ou trois mecs ont regardé dans ma direction. Alors j’ai pris peur, les jambes à mon cou, j’ai couru comme un dératé. Je suis sorti derrière l’immeuble par une porte dérobée et j’ai filé à travers la ville.
    
    Je n’ai pas arrêté de marcher jusqu’à la nuit tombée. Désormais, partout, j’étais grillé. Je me suis réfugié un peu plus tard dans un bar à putes. J’ai pensé qu’au moins là, on ne viendrait pas ...
    ... me chercher. Il y avait cette fille bizarre qui ne parlait jamais à personne, cette brune aux cheveux fous qui ressemblait à une sorcière. Souvent, elle se faisait draguer par des types. Elle montait, parfois. C’était en tout cas ce qui se racontait. Mais elle regardait toujours ailleurs, jamais dans ma direction, comme si elle me détestait. Cela faisait des mois que je la rencontrais et, à chaque fois, dans ses yeux, l’horreur de ma personne et, à chaque fois, cela me dégoûtait.
    
    Sur les coups de trois heures du mat’, je suis rentré benoîtement à ma piaule, je n’avais de toute façon aucun autre endroit où aller. Je suis resté trois jours sans faire un bruit et sans bouger, préférant crever de faim et faire le mort que faire acte de présence. C’est le robinet du lavabo qui m’a trahi, il faisait un boucan d’enfer. Comme je pissais dans le lavabo, j’étais bien obligé de faire couler un peu d’eau pour le rincer. En début d’après-midi, la mère Pérez, qui avait dû m’entendre, est venue frapper à ma porte, j’ai ouvert car je n’avais aucun moyen de lui échapper ; de toute façon, elle avait ses clefs.
    
    — Jeune homme, il y a quelqu’un chez moi qui aimerait vous parler, m’a-t-elle dit avec solennité, avec la voix grave de la vieille instit qu’elle avait toujours été.
    
    J’ai tout de suite pensé aux flics, je me suis même demandé s’ils me laisseraient le temps de préparer mon baluchon. Et je suis parti ainsi à l’échafaud, résigné et les épaules tombantes. Je vous jure pourtant que je ...