1. Un simple petit baiser


    Datte: 16/02/2019, Catégories: fh, jeunes, complexe, neuneu, amour, revede, mélo, prememois, attirautr, Auteur: Sandre, Source: Revebebe

    ... attendait probablement plus de moi et qu’elle ne comprenait pas que je me débarrasse ainsi d’elle. Ça m’a fait mal au cœur de la voir aussi perdue : décidément je ne faisais vraiment rien de bien.
    
    Le lendemain, j’ai essayé de percevoir à travers le regard de ma logeuse une sorte d’anathème qu’elle aurait pu me lancer, mais je n’ai rien trouvé d’autre que sa sévérité habituelle. Après tout, ce n’était rien qu’un tout petit baiser ; sauf que les baisers, en général, me portaient préjudice.
    
    Joséphine n’avait donc rien dit ? J’espérais que tout ceci allait se perdre très rapidement dans l’oubli. Mais, en fait, il n’en fut rien. Peut-être une semaine ou deux plus tard, quelqu’un frappa à ma porte. J’ouvris nonchalamment, en pensant au type du premier qui venait me taxer souvent des clopes, mais une furie se jeta sur moi, s’accrocha à mon cou en m’embrassant avidement la bouche. Sous le poids de son empressement, je suis tombé avec elle à la renverse, sur le linoléum, entraînant une chaise dans ma chute. Mine de rien, nous aurions pu nous faire vraiment mal. Après m’avoir longuement bisouillé sous tous les angles et avec fébrilité, après avoir glissé sa langue tout au fond de ma bouche, elle a consenti enfin à se relever, consciente de sa bonne blague. Et Joséphine d’éclater de rire en me voyant le cul par terre, un rire tonitruant, comme à son habitude, de quoi réveiller tout l’immeuble, de quoi également alerter la mère Pérez qui rappliqua d’ailleurs aussi sec :
    
    — ...
    ... Joséphine ! Mais qu’est-ce que tu fais là ?
    — B’jour madame Pérez, je suis venu ici lui dire bonjour, c’est mon copain celui-là.
    
    La vieille institutrice jeta un œil sévère vers moi, toujours le cul par terre, puis la regarda, elle, en fronçant les sourcils :
    
    — Tu parais bien excitée, toi, ma petite, aujourd’hui.
    — Il est très, très gentil, celui là, et l’autre fois, il m’a fait tout plein de bisous.
    
    J’étais en train de me relever mais cette évocation m’a figé sur place. Joséphine avait lâché le morceau, elle venait de vendre la mèche et je sentais peser sur moi le jugement réprobateur de la vieille femme protectrice. Je ne savais plus où me mettre et n’osais la regarder, de peur qu’elle me fusille avec ses yeux de vautour.
    
    — Allez, viens, suis-moi. De toute façon, tu n’as rien à faire ici ! dit alors la vieille femme d’une voix sèche et cassante.
    
    J’avais commis le mal et le mal allait me rattraper, m’annihiler et m’expédier en enfer, c’était pour moi une certitude. Plutôt que de ronger mon frein, j’ai préféré sortir, sortir pour me saouler. J’ai acheté une bouteille de pinard et l’ai bue au goulot en déambulant dans le parc comme un taré. Quelle merde ! Quelle foutue merde de vie de chiotte ! J’en avais oublié ma séance chez mon psy. Ce salaud me la ferait quand même payer, qu’il crève donc ce taré, et que la mère Pérez crève aussi avec lui. Un couple de petits vieux assis sur un banc fit les frais de ma révolte. Elle, gentille bonne femme, nourrissait les pigeons. ...
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