1. Le verre de bière


    Datte: 11/02/2019, Catégories: fh, amour, pénétratio, mélo, amourdram, Auteur: Giusepe, Source: Revebebe

    ... complètement broyé. Je me retournai pour regarder derrière moi, le regard vitreux d’Agnès semblant fixer une scène se déroulant au-dessus de mon épaule. Des types, joyeux et peut-être un peu démonstratifs, parlaient en rigolant.
    
    — Agnès, c’est ces types, derrière ? Qu’est-ce qu’il y a ?
    
    Ce devait être ça, certainement, ces types qui avaient déclenché quelque chose. Ce n’était pas la première fois qu’Agnès réagissait bizarrement devant des gens dont le rire sonnait un peu faux ou un peu hystérique. J’écoutais ce qu’ils disaient : il était question semblait-il d’une cuite qu’ils s’étaient tapée la veille. Agnès marmonnait entre ses dents :
    
    — Ils vont la fermer, mais ils vont la fermer…
    
    Je la sentais prête à exploser, et je savais qu’elle pouvait être extrêmement violente si par malheur elle perdait le contrôle d’elle-même. Je tentais désespérément de la ramener à la réalité ; je pris sa tête entre mes mains et la forçai à me regarder.
    
    — Agnès, regarde-moi ! Agnès !
    
    Son regard, vague et lointain finit peu à peu par accrocher le mien.
    
    — Gino, oui…
    — Agnès, enfin quoi, qu’est ce qu’il y a ? Ce sont ces types qui t’énervent ?
    
    Elle se durcit à nouveau.
    
    — Ces types, oui…
    — Mais enfin, Agnès quelle importance ? Et puis, ils ne sont pas méchants, juste un peu cons… On s’en fout, non ? On n’est pas bien, tous les deux ?
    — Si, Gino, pardon… Mais…
    — Quoi ?
    
    Elle ne répondit pas tout de suite, elle s’ébroua, comme pour chasser une torpeur ou un mauvais ...
    ... rêve.
    
    — Je ne supporte pas ce genre de buveurs, de frimeurs… Je ne peux pas les supporter.
    
    *****
    
    Agnès était traductrice. Elle parlait couramment l’anglais, l’espagnol, l’italien et le russe. Elle se débrouillait très bien en allemand, et elle avait de bonnes notions en chinois, japonais. Elle disait qu’elle avait le don de Baudelino, celui de comprendre les langues sans les avoir apprises. Elle nageait un 100 mètres en moins d’une minute. Elle connaissait le nom des étoiles dans le ciel. Elle marchait pieds nus dès qu’elle pouvait. Elle savait jongler avec cinq balles, marcher sur les mains et faire du trapèze. Elle avait des seins moelleux et souples, une chatte douce de petits poils blonds, des joues pleines et sanguines. Elle ne voulait pas avoir d’enfants. Elle avait besoin d’être insultée et violentée pour jouir. Elle aimait lécher mon sexe, le sucer, elle s’endormait en le serrant dans sa main. Elle pleurait toujours en regardant des films tristes. Elle adorait croquer des grains de café, et faire des tisanes. Maintenant, elle est morte.
    
    *****
    
    C’était en fin d’après-midi, je me rendais chez Picasso pour y retrouver Agnès. En remontant la rue vers le petit troquet qui en marquait l’angle, je ne pensais à rien de précis. Le temps était maussade, et je regardais mes pieds. Ce n’est qu’en arrivant vraiment devant le café que je m’aperçus que Picasso était sur le seuil. Je levai les yeux vers lui… et vraiment, en un clin d’œil, je peux le dire, je sus que c’était ...
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