1. Trois mois de vacances


    Datte: 13/01/2019, Catégories: fh, hplusag, voyage, amour, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... que mal. Quand je sors de l’eau, elle s’est rhabillée. En utilisant un des réchauds, elle a préparé une boisson chaude qui voudrait être du thé. Rien dans son comportement qui rappelle la séquence « éroticomique » marquant mon entrée dans l’eau.
    
    Nous mangeons en silence. Ni l’un, ni l’autre n’a réellement envie de parler. J’espère, elle aussi sans doute, un prompt retour vers la civilisation, car, en plus de notre situation guère enviable, notre cohabitation n’est guère attrayante. Eussé-je été un bel Apollon, mais je ne suis que moi avec mes soixante balais ! Le petit déjeuner expédié, nous partons en reconnaissance vers la forêt. Nous voulons savoir s’il est pertinent d’utiliser un des dinghys pour remonter la rivière ou s’il faut mieux partir à pied. Pour cela, nous devons savoir ce qu’elle devient lorsqu’elle s’enfonce dans le sous-bois.
    
    Le suspense est de courte durée. Premier désagrément, pénétrer dans la forêt s’avère compliquée. Dès l’orée franchie, l’épaisseur de la végétation nous force à longer la rivière. Quand je dis longer, c’est quasiment marcher dans… Nous nous escrimons sur quelques centaines de mètres puis la rivière se transforme en torrent pas navigable du tout. Après un court instant de découragement, mon audacieuse camarade réagit.
    
    — Rentrons au campement. On va devoir marcher et pour ça, il nous faudra emporter des vivres. Va falloir qu’on s’organise.
    
    Quelle énergie ! Et vous me parlerez de faibles femmes ! Singulièrement, ça ne me dérange ...
    ... pas. Au contraire, son dynamisme me booste. Nous arrivons à l’orée du bois lorsque, elle s’arrête brusquement.
    
    — À notre gauche… à peu près à neuf heures, s’écrie-telle en pointant le bras.
    
    Je la regarde interloquée comme l’idiot à qui on montre la lune et qui regarde le doigt. Puis je réalise qu’elle utilise ce vieux système d’orientation des débuts de l’aviation. À la lisière de la forêt, à quelques dizaines de mètres à peine, quelque chose brille sous le soleil. Instinctivement, nous nous dirigeons vers la « lumière ». Une maison ! Enfin plutôt ce qui fut une maison. La « lumière », un simple reflet du soleil sur un fragment de vitre.
    
    Une résidence de style colonial anglais. Deux portes-fenêtres encadrent une porte qui s’ouvre sur un deck au parquet branlant ayant connu des jours meilleurs. Je fais remarquer à madame la Comtesse que les trois marches qui permettent d’accéder au deck ont été sommairement renforcées récemment. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Par contre, nous avons intérêt à regarder où nous posons les pieds : les lames disjointes bâillent dangereusement. La porte-fenêtre de droite est en très mauvais état : chambranle délabré, carreaux cassés. L’autre a été obturée avec des planches. Rafistolage consolidé par des lambeaux de caoutchouc.
    
    — Des morceaux d’un canot pneumatique ?
    — Ça a l’air ! Cette baraque a été utilisée, y’a pas très longtemps, avance madame la Comtesse.
    
    Je ne réponds pas, mais j’ai un mauvais pressentiment. Rapidement ...
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