Trois mois de vacances
Datte: 13/01/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
voyage,
amour,
Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe
Ce récit est le cinquantième que je mets en ligne sur Rêvebébé ; il est différent de ce que j’écris habituellement, mais je me suis beaucoup amusé en l’écrivant. Je me suis très, très, très librement inspiré de« Deux ans de vacances » de Jules Verne qui a longtemps été mon livre de chevet. Si, je vous assure, y’a une île et le bateau vient de Nouvelle-Zélande. Mais comme je n’ai ni le talent ni l’imagination de Verne, j’ai pris seulement trois mois de vacances !
(y’a pas que le camembert qui coule)
Service terminé ! Je ne pense pas que j’aurais pu en faire mon métier. Supporter ces friqués et leurs caprices pour un mois ça allait le faire, mais à longueur d’année, cela aurait été au-delà de mes possibilités. J’avais bien failli perdre mon sang-froid tout à l’heure quand cette grande bringue genre mannequin, débraillée, certainement à bord pour assouvir les bas instincts de son « patron », m’avait heurté violemment. Par miracle, j’avais réussi à conserver mon calme, mon équilibre et celui de mon plateau. Un mot pour s’excuser ? Dans tes rêves ! Seulement un aboiement :
— Tu peux pas regarder où tu vas !
Ben voyons, elle me fonce dessus, mais évidemment c’est moi qui… Le client a toujours raison ! Assez récriminé ! Dans deux ou trois jours, le canal de Panama puis l’Atlantique et bonjour la France. Pas tout le monde qui se « paie » une croisière rémunérée sur un yacht de luxe. Pas tout le monde qui peut tirer son clope au milieu des étoiles avec pour ...
... accompagnement musical le clapotis des vagues contre la coque du bateau. Mon moment préféré. Tous ces messieurs-dames ont regagné leur cabine. Le petit personnel et l’équipage, excepté ceux de quarts, ont fait de même. J’ai le navire pour moi tout seul !
Enfin c’est ce que je croyais ! Un bruit de pas me tire de ma rêverie. Je me retourne : une silhouette approche. Féminine, si je me fie au portrait en ombre chinoise que m’offre la lune. Deux pas plus tard, je confirme : il s’agit bien d’une femme. Malheureusement pas n’importe quelle femme ! L’horrible pimbêche, qui m’a rembarré plus tôt dans la soirée, a abandonné sa tenue de pétasse pour un jean et un pull. Ostensiblement, je lui montre mon dos, le regard fixé sur l’horizon. Peu importe, je suis invisible. Pour ces gens-là, l’équipage fait partie des meubles. Elle s’accoude au bastingage et allume nerveusement un clope.
Notre quiétude vole soudainement en éclat. Immense fracas. Coup de tonnerre. Lumière intense. Embrasement. Eau froide. Mes bras, mes jambes qui s’agitent. Pas s’affoler. Cauchemar. Un blanc. Qu’est-ce que je fous dans cette mer glacée alors qu’il y a un instant… Tout tourne. Les étoiles, la mer, le yacht. Le yacht, en train de sombrer entouré d’un halo de flammes. Je réalise. Il coule et moi, je patauge lamentablement à des kilomètres de la côte la plus proche. Je vais crever au milieu de nulle part. Ça va me servir à quoi de savoir nager. Trop con ! Tête vide. Instinct de survie. Ce qui se passe dans les minutes ...