Trois mois de vacances
Datte: 13/01/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
voyage,
amour,
Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe
... confirmé dès que nous franchissons le seuil. La porte n’a offert aucune résistance quand je l’ai poussée. Nous entrons. Un couloir ; à droite, une ouverture privée de porte ; à gauche, une porte qui joue son rôle de porte. Au-dessus un panneau en bois sur lequel est gravé grossièrement : « Welcome to Crazy Island ».
Mon Anglais n’est pas des meilleurs, mais les mots welcome et island font partie de mon lexique.
— Putain, j’espère que c’est une vanne, s’écrie ma coéquipière d’un jour.
— Moi aussi ! Sinon on est dans de beaux draps !
On l’est. Nous poussons la porte, pénétrons dans la pièce de gauche. Elle n’est éclairée que par une seule fenêtre. Premier coup d’œil, première pensée : boucle d’or et les trois ours. À droite de la porte, quatre lits avec quatre couvertures pliés en quatre ; à gauche, quatre chaises autour d’une table sur laquelle sont posées quatre assiettes avec leurs couverts. La comparaison s’arrête là. La couche de poussière qui recouvre le tout indique que la pièce n’est plus habitée depuis un certain temps. Un grand placard masque la porte-fenêtre. En face de l’entrée, à droite de la fenêtre, une espèce de buffet. En nous avançant, je m’aperçois qu’il existe une autre fenêtre, pendant de la première dont le volet à base de planches clouées occulte complètement la lumière. Manifestement, cette pièce, comme le deck, a été « réhabilitée ». On a calfeutré les ouvertures, rafistolé chaises et parquet. Les lits semblent faits de bric et de broc. Seuls ...
... matelas et couvertures paraissent en bon état. Les matelas ressemblent, d’ailleurs, drôlement à ceux que nous avions dans nos cabines. Dans les cabines d’équipage s’entend ! Madame la Comtesse disposait certainement d’un lit plus confortable.
Enfin, côté couloir, à droite de la porte, une cheminée massive. Je me penche sur l’âtre pour voir l’état du conduit. Pendant ce temps, madame la Comtesse s’intéresse à une espèce de poster accroché au mur à gauche de la porte. Soudain, j’entends un bruit bizarre entre le rire et le sanglot. Je me retourne, je vois ses épaules s’affaisser, son corps se tasser. Inquiet, je lui demande :
— Qu’est-ce qui se passe ?
— On est dans la merde. C’est une carte et si elle représente bien ce que je crois, on est vraiment dans une île. Et foutrement inhabitée.
— Ce n’est peut-être qu’un gag.
— Approchez ! Vous voyez ?
Elle me montre la crique où l’on a abordé, la rivière, l’emplacement de la maison. Ça sent pas bon ; vraiment trop ressemblant. Nous regardons, accablés, silencieux, cette carte grossièrement dessinée au charbon de bois sur ce qui devait être un morceau de voile. Machinalement, dans un geste protecteur, j’ai placé ma main sur son épaule. Oups, elle va me jeter. Ben non, encore tout faux. À son tour, elle pose sa petite main sur la mienne et serre très fort. Nous restons un long instant ainsi.
— On s’en sortira, dit-elle en se retournant. Bon, comme apparemment, nous sommes appelés à passer un certain temps ensemble, il ...