1. Trois mois de vacances


    Datte: 13/01/2019, Catégories: fh, hplusag, voyage, amour, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... sous les rayons lunaires. J’ai la confirmation en apercevant son petit minou que c’est une vraie brune.
    
    Le bruit de cascade de son jet puissant déclenche une envie similaire : à mon tour, j’arrose copieusement le pré.
    
    — Putain, je me sens mieux !
    
    Commentaire poétique de madame la Comtesse.
    
    Nous prenons enfin le temps de nous habiller. Nous mangeons quelques barres énergétiques en détaillant le paysage qui nous entoure. S’il y avait des moutons, on pourrait presque se croire à Tolaga Bay, où le cap’tain Cook débarqua en Nouvelle-Zélande au XVIIIe siècle. À droite et à gauche, des falaises apparemment infranchissables, au milieu, une prairie où coule une rivière, quelques arbres isolés et au fond, à quelques centaines de mètres, une forêt. Le cours d’eau disparaît sous les frondaisons. Il est clair que l’issue pour nous est de ce côté.
    
    Il nous a fallu beaucoup de temps et d’efforts pour accoster, nous sommes littéralement épuisés et la journée est bien avancée. L’envie d’un retour rapide vers la civilisation nous taraude, mais la sagesse l’emporte : nous passerons la nuit dans la crique. Tandis que nous fumons une cigarette bien méritée, madame la Comtesse trouve de quoi nous occuper. Je pensais pouvoir glander. Même pas ! J’aurais dû me douter que mon beau capitaine n’allait pas nous laisser paresser. Selon elle, il serait judicieux de tirer les deux canots sur le pré. Ils seraient, ainsi, en totale sécurité et nous pourrions dormir dedans. Naïvement, je lui ...
    ... suggère que nous pourrions tout aussi bien dormir dans les embarcations en les laissant sur la plage. J’ai pas dit le bon truc. Madame la Comtesse s’énerve. Je comprends alors que, sous son apparent stoïcisme, le naufrage l’a aussi traumatisée et que dormir sur l’eau, une seconde nuit, la terrorise. J’accède donc à son désir.
    
    Pas de fastidieux détails, mais quelle galère ! Il nous faut des heures. Quand, enfin, à la nuit tombante, les deux dinghys sont à sec, j’ai dépassé le stade de la fatigue, je ne sens plus mon corps. Nous nous restaurons rapidement (encore des barres énergétiques), un clope puis nous nous écroulons chacun dans un bateau, enroulés dans une couverture.
    
    Bizarrement, je ne m’endors pas facilement. Trop crevé sans doute. Pour la première fois depuis l’explosion du yacht, je peux mettre mon esprit en pause. Je revis le naufrage. Cette explosion sans raison. Qu’a-t-il pu se passer ? Nous avons vraiment failli y passer. Il a fallu un miraculeux concours de circonstances pour qu’on s’en tire. Tous les autres sont morts. Malgré le peu de sympathie que j’ai pour ma compagne d’infortune, j’apprécie son courage, son sang-froid, son esprit d’initiative et, pourquoi pas le dire son autorité naturelle. Les griefs que j’avais contre elle s’atténuent à mesure que sa personnalité se révèle. Cependant nous n’avons échangé aucune parole inutile ; nous n’avons même pas échangé nos prénoms.
    
    Je ne connais pas son prénom, mais je connais son corps. Ma réflexion dérive peu ...
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