1. Féérie


    Datte: 04/01/2019, Catégories: nonéro, confession, Humour merveilleux, Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    ... le monde à droite, personne à gauche. Ça doit ressembler à la queue devant les toilettes lors de la fête de la bière.
    
    Ou alors l’autre paradis : celui où t’attendent 70 vierges. Quelle connerie ! Tu me dirais 70 cochonnes enfiévrées, je ne dirais pas non ; mais je me vois mal avec 70 vierges effarouchées.
    
    Allez, je veux bien faire un effort. Garçon ! Une vierge, mais accompagnée de 69 grosses cochonnes.
    
    Et puis il ne faut pas avoir le zizi plus gros que le ventre ; ma petite cochonne à moi tout seul me répète souvent : « Il ne faut pas virer présomptueux. Occupe-toi bien d’une seule avant de penser à d’autres. »
    
    Tout compte fait, si je peux avoir le choix, j’irais bien gambader avec des chiens, courir dans de vertes prairies. Sous l’œil bienveillant du dieu tutélaire, un labrador ventru ou un fox-terrier farfelu. Ou sous le regard énigmatique d’un Abyssin.
    
    Et n’a-t-on jamais songé au paradis des femmes ? Elles n’ont certainement pas envie de satisfaire les désirs de quelques abrutis bedonnants, mous du godiveau et qui refoulent du clapoir ! Je suppose que si on demandait leur avis, elles opteraient pour des Chippendales ou les Dieux du Stade. À moins qu’elles ne préfèrent, elles aussi, voir le fox farfelu ou l’Abyssin énigmatique.
    
    Chouette !
    
    — …
    — ???
    
    Je suis allongé sur la mousse. Je n’ai plus mal. Le voile noir ne recouvre plus mes yeux.
    
    Pourtant je ne peux toujours pas bouger. Les couleurs semblent différentes, plus vives ; une sorte de ...
    ... surbrillance entoure chaque plante, chaque animal. Le ciel a changé de couleur, presque mauve.
    
    Une renarde s’approche de moi et me renifle. Un écureuil la suit à distance.
    
    — Qu’est ce qui lui arrive ? demande dame Goupil.
    — Je n’en ai aucune idée, répond l’écureuil. Il semble mal en point.
    
    Un papillon vient se poser sur ma bouche, déploie sa trompe et la pose sur mes lèvres.
    
    — Ça n’est pas mort, mais presque pas vivant ; ça respire encore un peu.
    
    Je dois vraiment aller mal. J’entends les animaux se parler. Je suis peut-être déjà au paradis.
    
    Adieu ma chérie, j’aurai dû t’écouter.
    
    Je vais bientôt voir Saint Pierre. Ou le Labrador ventru.
    
    — Vous savez ce que c’est comme espèce ? demande une petite orchidée, une néottie.
    — C’est un humain, répond la renarde.
    — Ça se mange ? demande une martre.
    — Non, c’est toxique, répond l’écureuil.
    
    Merde, même les plantes parlent !
    
    D’après ce que j’ai pu lire ou entendre de-ci de-là, les témoignages font état d’un grand tunnel blanc. Jamais de bestioles ou de plantes qui discutent.
    
    — Les humains nous font du mal ; ce sont des brutes épaisses ! intervient une vipère péliade.
    
    Une petite chevrette intervient :
    
    — Je le connais ; il vient souvent par ici. Il ne nous poursuit jamais avec un bâton-tonnerre, il fait toujours attention à l’endroit où il pose ses pieds. Il a même sauvé une petite bergeronnette de la noyade.
    — Si tu le dis… Que fait-on alors ? On ne peut pas le laisser là : il va attirer les sangliers ...