Féria - Histoires de Sexe

Féria

... heure arrive-t-on à Nîmes ?
— 17h25 madame, nous serons à l’heure, je pense.
— Merci.

L’agent SNCF poursuit son chemin.

— Nous y serons juste pour la sortie de la novillada. Il va y avoir du monde surtout avec le beau temps, remarque Patrice.
— Vous croyez qu’il fait beau ?
— Oui, je l’ai demandé à mon correspondant. La Féria bat son plein, la nuit sera chaude et les dormeurs sur les pelouses seront à l’aise.
— Des gens couchent dehors ?
— Oui, les jeunes désargentés, surtout avec le beau temps. Mais aussi les autres qui n’auront pas trouvé de place dans les hôtels.
— Parce qu’il n’y a plus de places ?
— À cinquante kilomètres aux environs. Certains disent que pendant ces trois jours, la ville accueille un million de personnes. Alors, vous pensez !

La mine de sa compagne s’assombrit de plus en plus. Mais Patrice, discret, n’ose pas lui en demander la raison. Il se doute que son coup de fil est en relation avec son séjour à destination. Il a repris sa lecture. Par contre sa voisine semble absorbée par de sérieuses préoccupations.

— Pardon, mais si je continue jusqu’à Montpellier, vous pensez que je pourrai me loger.
— Vous pouvez toujours tenter, mais je crains que les hôtels soient autant occupés.
— Mais on ne trouve pas de chambres d’hôte ?
— Tout est loué, on a même offert à mes parents de leur louer tout leur mas !

Le silence retombe. Si j’osais, pense Patrice… oh puis tant pis.

— Vous êtes bloquée à Nîmes ?
— Oui, on devait m’attendre à ...

... l’arrivée du TGV. Mais on ne pourra me prendre que demain matin. Je ferai comme les jeunes, je dormirai dehors.
— La maison de mes parents est immense. Si vous voulez, je peux leur demander de vous offrir l’hospitalité.
— Non, je ne veux pas les déranger.
— Oh, vous savez, ils « feront la féria », comme on dit chez nous. Ils sortent jusqu’à tard dans la nuit, et ne se lèvent que vers midi.
— Mais vous croyez…
— Attendez.

Patrice sort son portable et appelle sa mère.

— Maman. Bonjour, c’est Patrice.
— Mon petit, comment vas-tu ? Tu n’as pas raté ton train au moins ?
— Oh non, tu penses, je ne risquais pas de le manquer, surtout pour dimanche. Avez-vous invité beaucoup de monde à la maison pour ce soir ?
— Ah non, tu seras tout seul. Nous sommes avec les Dupont, ils étaient à la maison depuis hier et ils nous invitent jusqu’à demain. Papé et mamé sont allés chez Martine, ils n’aiment pas le bruit. Tu auras tout le mas pour toi tout seul.
— Je pourrai disposer d’une des chambres d’ami ?
— Toutes si tu le veux. Plus personne en vue d’ici dimanche.
— Bien, alors je vais dépanner quelqu’un. Embrasse papa pour moi.

Il raccroche souriant.

— Vous avez une chambre pour cette nuit. Il n’y a qu’un ennui, ce n’est pas à Nîmes même, mais à une dizaine de kilomètres un endroit un peu isolé. Mais ces jours-ci, c’est un luxe rare chez nous.
— Oh merci, vous me dépannez. Demain matin j’appellerai un taxi pour me rapatrier.
— Jamais de la vie, vous pensez que je ne vais pas ...