1. Hallucination - Billevesée et Gaudriole !


    Datte: 14/02/2018, Catégories: ffh, fplusag, fsodo, init, historique, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... leurs traits. Je n’eus cure évidemment de lui faire part de ces remarques. Mal à l’aise et accélérant soudainement son élocution, noyant le sens des mots dans la volubilité du débit de la phrase, elle acheva :
    
    — Je m’adresse à vos ambitions de jeune peintre dépourvu encore, à ce jour, de notoriété. Je compte sur ce coup d’œil qui, si bien dans l’image de mon gendre, a su en restituer toutes les inflexions mais surtout, en fines touches, y laisser transparaître le caractère. Je vous propose de profiter d’une opportunité unique pour peindre d’après nature en une seule composition trois fleurs du même jardin. Vous avez, je n’en doute pas, saisi l’extrême similitude de nos traits et je suis persuadée que ce serait singulière expérience que de les figer dans cette ressemblance, tout en la déclinant dans ses nuances. Ma cassette personnelle saura grassement vous en rétribuer. Vous feriez un diptyque sur le premier panneau duquel vous nous réunirez toutes trois dans nos plus beaux atours. Cela vous convient-il ?
    — Oui bien sûr, comment à pareille proposition se refuser, c’est un immense honneur mais que ferais-je figurer sur le second panneau ?
    — Nous encore, toutes trois rassemblées mais en tenue d’Ève exposées.
    
    Pour la seconde fois, en moins de vingt-quatre heures, je tombai des nues et mon ébahissement qui s’affichait en hébétement devait me faire passer pour un demeuré. Comment à cette fortune me dérober ? L’aubaine, pour un apprenti peintre, était inespérée. Vous ...
    ... n’imaginez pas la difficulté qu’il y avait à cette époque à dénicher des modèles acceptant de poser presque dénudés. Mais quel levain avait fait germer cette idée dans le cerveau de l’aïeule ? Était-elle simplement fière de sa postérité ou pressentait-elle les noirs événements qui devaient bientôt dévaster sa famille ? Je n’allais pas tarder à le découvrir.
    
    — Je doute cependant que Käthe accepte de s’exhiber ainsi !
    — Mademoiselle Käthe je saurais aisément convaincre si toutefois vous reprenez le rôle qu’avant, vous teniez auprès d’elle.
    
    Inévitablement effaré par cette invraisemblable proposition, je demeurai abasourdi. Madame Lutgard ne me laissa guère le temps de la réflexion et poursuivit :
    
    — Comment donc vous hésitez ! Seriez-vous sot ? Songez donc que d’expériences, il vous faudra nourrir votre art et que celle que présentement je vous offre ne trouvera probablement, à l’avenir, pas d’équivalent ! Comptez aussi qu’il vous faut parfaire votre initiation d’homme et d’amant… Ah, je comprends ce qui vous retient, vous craignez de devoir affronter les hideurs de la vieille. Je n’ai à cet endroit qu’un seul argument, voyez !
    
    Bien qu’y ayant par la suite maintes fois réfléchi, je n’ai jamais compris comment elle put aussi vite si complètement se dévêtir. Sa robe, qu’elle avait dû préalablement délasser, tomba comme par miracle et elle m’apparut, totalement nue, ne portant ni bandage de poitrine, ni le moindre bas d’aucune sorte. Elle recula de deux pas en enjambant le ...
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