1. Hallucination - Billevesée et Gaudriole !


    Datte: 14/02/2018, Catégories: ffh, fplusag, fsodo, init, historique, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... que du poids de l’oisiveté. Elfriede, l’épouse, occupait la situation intermédiaire dans cette étonnante galerie de femmes, auxquelles, pour accentuer les ressemblances, un caprice du maître de maison disant qu’il aimait voir sa cour à l’unisson, prescrivait des vêtures semblables.
    
    Comment le peintre que j’étais en passe de devenir, aurait-il pu rester insensible au charme de ce trio d’autant plus attrayant qu’elles étaient toutes trois admirables, déclinant une beauté unique au fil des générations. Je découvris très vite qu’à l’exception du vêtement, elles avaient en outre l’intelligence de s’accommoder chacune des grâces et avantages de son âge. Mes relations au beau sexe s’étaient jusqu’à ce jour bornées à courtiser, en l’atelier du maître, quelques modèles qui ne l’étaient assurément pas de vertu et préféraient offrir leur complaisance à des artistes établis et donc, quoique je ne fus pas pauvre, plus fortunés que moi. Je trouvais chez mes charmantes hôtesses une fraîcheur et une grâce qui n’étaient plus le fait des grandes cités où le paraître prenait tant d’importance qu’il finissait par s’exposer comme vernis brillant mais mensonger éclipsant jusqu’à l’annihiler le vrai caractère.
    
    Immédiatement, ce fut dame Elfriede qui réveilla ma passion et si j’étais entré à table le cœur libre et plein de fantaisie, j’en sortis, deux heures plus tard, éperdument amoureux de cette noble et majestueuse femme. Elle m’aveugla de sa blondeur encadrant un visage régulier aux ...
    ... traits pleins de distinction et de finesse. Elle m’impressionna par sa grande taille dont la perfection des proportions m’émerveillait. Je l’avais, sans discontinuer, épiée du coin de l’œil et tout en elle m’avait séduit sauf l’acuité de son esprit et son intelligence qui nourrissaient une effrayante gouaille. Cela n’était pas pour me déplaire et j’aimais ce tempérament vif et trempé mais il m’inquiétait un peu, alimentant mes complexes et anxiétés.
    
    Les jours suivants, je fis ma cour surtout au comte qui s’en montra très satisfait ainsi que de mes premières esquisses, ce qui me valut une rapide signature de mon contrat. Je restais fasciné par sa brillante épouse, si envoûté qu’elle en vint à me terroriser et que toute approche d’elle me conduisait à une succession de bévues. Je bafouillais lamentablement, marchais sur la traîne de sa robe, arrosais ses vêtements du contenu de ma coupe, accumulais les balourdises qui sont le propre d’un timide amoureux. Elle semblait n’en rien percevoir, mais me témoignait amitié et intérêt tout en restant distante.
    
    La situation devenait insupportable et pour me distraire de ce malheureux amour, condamné à la déconvenue, qui me faisait passer pour un nigaud et perdre tous mes moyens, je décidai donc de me consoler quelque peu avec la fille des rigueurs de la mère. Après tout, celle-ci lui ressemblait beaucoup, était mieux accordée à mon âge, n’avait point encore trempé sa verve, et pouvait même éventuellement représenter un parti fort ...
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