1. 3 times and you lose


    Datte: 16/12/2018, Catégories: mélo, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... sévèrement.
    
    Je lui lançai un regard acéré.
    
    — Mmm, éludai-je, sans me mouiller.
    — Oui, je vois… grimaça-t-il. Deux fois, ça te suffisait pas, hein ? Il a fallu que t’y retournes une troisième.
    
    Je continuai à le fixer, sans rien dire. Je l’aimais bien, Malko. Je l’avais rencontré quand j’étais venue m’installer ici, il y a quelques années, pour mes études. C’était le copain d’une copine. Faut dire que je serais peut-être pas rentrée de moi-même dans ce café minuscule, un peu en retrait dans une petite rue, et où on passait de drôles de musiques kitsch (mais cool).
    
    Malko était d’origine algérienne, il devait avoir dans les quarante, cinquante ans. J’lui avais jamais demandé son âge, ça se fait pas. Il s’était pris d’affection pour moi, et moi aussi, dans une moindre mesure. Au début, je venais tous les jours. Puis mes visites s’étaient espacées, quand j’avais réalisé que mon budget en prenait un sacré coup, et qu’en plus de cela, je m’attachais un peu trop à ce type, tellement sympa mais tellement… infidèle (ben oui, comme pratiquement tous les hommes que je connaissais, à part mon père. Quoique.)
    
    Maintenant, la question ne se posait plus, vu qu’il avait divorcé. Mais j’étais pas revenue plus souvent pour autant. On ne m’y prendrait plus, à coucher avec tous les mecs libres (et pas libres) du voisinage ! J’étais redevenue Tronche de cane. Non, d’ailleurs, mieux.
    
    J’allais devenir une bonne sœur.
    
    Malko me rendit mon regard, sembla s’adoucir.
    
    — Charlotte… ...
    ... soupira-t-il. T’es vraiment une cochonne.
    — Pfffou. Oui, peut-être bien, mais j’étais une cochonne amoureuse, admis-je.
    — Et maintenant ? demanda-t-il, curieux.
    — Maintenant je suis plus qu’une cochonne, sans doute. Une cochonne malheureuse.
    
    Malko prit ma main, se gardant bien d’afficher sa compassion. Au contraire, il serra mes doigts très fort, les yeux indéchiffrables.
    
    — Moi je suis là, dit-il doucement. Si tu veux parler.
    
    Mais soudain, par-dessus son épaule, je vis entrer Pauline. Mes doigts se crispèrent sur ceux de mon ami barman.
    
    — Tu peux me laisser s’il te plaît ? Je dois parler à mon ex/future meilleure amie.
    — Aucun problème, assura-t-il en se levant.
    
    Pauline se glissa direct sur la chaise qu’il venait d’abandonner. Pimpante, droite comme un I dans sa petite robe Kookaï. Si belle, quoi. Nous nous jaugeâmes du regard, tranquillement.
    
    — Comment tu l’as su ? fis-je d’une voix tendue.
    — Je vous ai vus, répondit-elle tout à trac.
    
    Un silence. Je me sentais mal.
    
    — Quand ? insistai-je.
    — Il y a dix jours. David n’était pas au club, alors je suis revenue tout de suite. Je voulais te tenir compagnie, et parler encore avec toi, mais… vous étiez dans la piscine.
    
    Elle fit une moue dégoûtée.
    
    — Je suis repartie dare-dare, tu peux me croire.
    — Et Vincent ? Ça fait combien de temps ?
    — Depuis ce jour-là. J’ai filé directement chez lui.
    — OK.
    
    Le lendemain, donc, de notre incartade. Et ce soir-là, il m’appelait pour me demander des comptes. ...
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