1. 3 times and you lose


    Datte: 16/12/2018, Catégories: mélo, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... hein, de réfléchir, mais là, plusieurs choses me préoccupaient. Je devais me concentrer plus que d’habitude, et comme dirait Poireau, faire fonctionner mes petites cellules grises.
    
    J’étais donc en train de mastiquer ma biscotte beurrée quand j’eus une révélation. Bien sûr ! Les cadeaux !
    
    C’était de Jean-Phi, le père de May !
    
    En fin d’après-midi, en approchant de l’appartement de Vincent, un drôle de pressentiment me saisit. J’avais comme un nœud dans le bide.
    
    Et je la vis tout de suite. La voiture.
    
    Comme foudroyée, je me figeai au milieu du trottoir. Ah ben alors ! Si je m’attendais !
    
    Ce n’était pas possible.
    
    Ce n’était pas possible !
    
    Mais j’avais deviné. Jesavais.
    
    Comme un automate, je poussai le battant de la grande porte, et montai lentement les marches, me sentant plus lourde qu’une tartiflette à trois couches.
    
    Je ne sonnai pas. J’entrai tout de suite, sans faire de bruit, et me dirigeai vers la chambre. La porte était entrebâillée, je les vis, ils étaient en pleine action, apparemment. J’eus l’impression que tout mon sang se vidait de moi par en bas. J’étais là, plantée comme une conne, n’en croyant pas mes yeux.
    
    C’était tellement…
    
    Tellement…
    
    Dégueulasse.
    
    — Comment t’as pu me faire ça, Pauline ? dis-je d’une voix qui me parut lointaine, comme étouffée par du coton.
    
    Vincent sursauta, et bondit hors du lit, nu comme un ver, les yeux écarquillés. Le silence était écrasant. Pauline releva la tête, me regarda à travers ses mèches ...
    ... rousses, tombées sur le visage. Et elle sourit.
    
    C’en fut trop pour moi.
    
    Je fuis.
    
    * * *
    
    Quelques heures passèrent, très vite sans doute, et s’évaporèrent de mon esprit tout aussi rapidement. Résultat, je fus incapable de me souvenir de ce que j’avais fait durant tout ce temps. Ce temps était rayé de ma mémoire, tout comme mon amour pour Vincent était rayé de mon cœur, pour de bon, cette fois. On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre.
    
    Du reste, j’ignorais qui était la mouche et pourquoi cette histoire de vinaigre, finalement ça voulait rien dire, mais ça me plaisait bien cette expression. Je la murmurais des fois, tout bas, et j’éclatais de rire, avant de boire à nouveau. Elle voulait rien dire, comme ma vie. C’était peut-être ça qui me faisait rire.
    
    Pour l’heure, je contemplais fixement mon verre, et j’avais l’impression de n’être plus qu’un sac de pierres. Incapable de remuer les orteils, de fixer autre chose que ce foutu verre.
    
    Malko, mon ami barman, se matérialisa subitement dans mon champ de vision. Sa tête était impayable. Ça me donna envie de rire, pareil.
    
    — T’en fais une tronche ! me moquai-je.
    
    Mais la froideur de son regard m’arrêta tout de suite dans cette voie. Je haussai les épaules en marmonnant tout bas des trucs sur les barmans qui n’avaient pas le sens de l’humour.
    
    Malko croisa les bras sur la table, et se pencha vers moi, plantant ses yeux dans les miens :
    
    — Je suppose que t’as recommencé tes conneries ? me reprocha-t-il ...
«1234...9»